• Pour lire le compte rendu de l'AG de lundi dernier, remarquable, comme toujours, cliquer ici.

    Voici, en guise de mise en bouche, une prise de parole qui devrait mettre fin une fois pour toutes aux commentaires délirants de certains sur les facs américaines (à ce sujet, lire aussi «Et d’ailleurs, au fond, que veulent-ils ? Encore deux ans de palabres…») :

    «Yves Figueiredo. Des rumeurs courent sur le discrédit de l'université française... aux Etats-Unis entend-on. Je suis enseignant référent pour la zone EU : nous ne recevons aucun mel tendant à remettre en question les conventions. Nous sommes l'université qui en a le plus. Les Nord-américains ne sont pas consternés, ils ont des questions mais ce sont les mêmes que les nôtres. En revanche il y a bien des tensions entre nous et eux : eux sont très embarrassés parce que leur budget est atteint par la crise, leur budget n'est pas sanctuarisé comme le nôtre, certains ne peuvent plus accueillir nos enseignants et doctorants parce qu'ils ne peuvent pas assurer les salaires d'un assistant : ils sont humiliés et les tensions qui peuvent exister ne sont pas celles que l'on croit.
    De surcroît, il existe un réel intérêt pour la France et ce mouvement ne le remet pas en question, au contraire : ils nous envient pour notre intérêt pour la chose publique, ils sont interpellés parce qu'on organise des débats de qualité sur des questions de fond. Des réformes semblables sont imposées d'autorité dans d'autres pays européens : donc notre résistance suscite un intérêt. A Chicago on organise un débat et des rencontres sur le rôle de La princesse de Clèves !
    En France c'est autre chose. Quand on nous dit qu'on fait peur et qu'ils iront dans le privé, l'argument ne tient pas une seconde : ils iront dans le privé précisément si les réformes passent.»

  • Ou comment Valérie Pécresse évita de voir à Berkeley ce qu’il aurait été utile qu’elle contemplât

    Déborah Blocker, Département d’études françaises, Université de Californie, Berkeley, 2 mai 2009

    Alors que les universités françaises poursuivent actuellement une grève qui, pour certaines d’entre elles, dure depuis près de trois mois, leur ministre de tutelle, dont les projets de réforme sont causes de ce mécontentement général, a jugé opportun de faire une visite-éclair dans les universités californiennes. Le 16 et 17 avril 2009 – c’est-à-dire quelques jours seulement avant de faire adopter, lors du conseil des ministres du 22 avril, son décret sur le réforme du statut des enseignants chercheurs français – Valérie Pécresse a ainsi visité le campus de l’Université de Californie, Berkeley, puis celui de l’Université de Stanford, au sud de San Francisco. Elle y a été reçue par les plus hauts administrateurs des lieux, a visité en coup de vent quelques laboratoires, et a même rencontré une poignée de chercheurs et d’étudiants. C’était, de son propre aveu, la première fois qu’elle mettait les pieds dans une université américaine.

    Quoique le ministre ait ensuite tenu à présenter (dans Paris Match) cette escapade comme ayant été prévue depuis deux ans, sa visite semble avoir largement été organisée à la dernière minute. J’en ai moi-même été informée par l’un de mes collègues, un ingénieur français en poste à Berkeley, qui, quelques dix jours auparavant, a été invité par le cabinet du ministre à lui faire visiter son laboratoire. Cet ingénieur a aussi été chargé par le chancelier de l’université de trouver, sur le campus, quelques autres universitaires d’origine française qui accepteraient de déjeuner avec Valérie Pécresse lors de sa visite. Avec un statisticien français également en poste à Berkeley, j’ai accepté cette invitation. Notre acceptation reposait sur l’idée que nous tâcherions tous les trois d’utiliser cette étrange occasion pour porter à l’attention du ministre quelques-unes caractéristiques centrales des grandes universités publiques américaines, dans l’espoir de lui faire reconsidérer par là non seulement le contenu mais encore le mode d’élaboration des certaines des réformes qu’elle tentait d’imposer à l’université française. Comme on pouvait, hélas, s’y attendre, la rencontre, où chacun a néanmoins pu parler librement – puisque notre situation d’expatriés ôtait au ministre toute emprise sur nous, tout en nous délivrant de la tentation de la courtisanerie – fut largement un dialogue de sourds.

    […]

    N’ayant pas désespéré de placer enfin mon petit couplet sur les vertus d’une administration collégiale et démocratique, je lançais alors, comme nous nous levions de table : «  Nos collègues français se plaignent souvent que vous ne les écoutez pas beaucoup. Peut-être cela peut-il expliquer leur mécontentement ? » À quoi Valérie Pécresse, visiblement peu consciente du fait qu’il revenait très évidemment au ministre qu’elle était de créer les conditions d’un large débat public sur l’université, répliqua qu’elle avait toujours dit qu’elle recevrait tout le monde. Aux mécontents, donc, de réclamer obséquieusement audience. Puis elle ajouta : « Et d’ailleurs, au fond, que veulent-ils ? Encore deux ans de palabres… » […]

    Pour lire l'ensemble de l'article: http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2520


  • Nous nous permettons de publier ce petit compte rendu rédigé par un des responsables de la ronde et diffusé e.a sur la mailing-list de 'mobilisation.paris4'.

    «A l'issue de la manif du 1 mai, un regroupement s'est opéré aux environs de la ronde sur l'esplanade, à côté de la ronde comme si elle avait des velléités de s'y greffer. Vers 20.30, une partie de cette assemblée a investi l'hotel de ville, entraînant "mécaniquement" l'intervention des forces de l'ordre dans un laps de temps "raisonnable".

    Cette action n'est pas une initiative de la ronde, dont les initiateurs présents sur place n'ont nullement été informés.

    La tension a été très forte sur la place au moment de cette irruption dans la mairie puisque les forces de l'ordre se sont installées sur la place. Nous avons pu "tenir" la ronde afin qu'elle soit clairement identifiable ce qui a contribué à diminuer la tension... Celle-ci est remontée d'un cran quand ceux qui avaient investis la mairie, évacués par la police, sont revenus sur la place, un peu rigolards.

    Nous avons pu la reconstituer de nouveau, en la déplaçant sur la place, afin là encore  de contribuer à diminuer la tension et contribuer autant qu'il se pouvait la sécurité de ceux venus pour la ronde dans un moment où l'intervention des flics avec évacuation de la place semblait imminente.

    Nous tiendrons demain matin une réunion extraordinaire dans la mesure où

    - nous tenons à préciser que cette initiative d'entrer dans la mairie n'est pas de notre responsabilité

    - qu'elle tombe particulièrement mal pour nous dans la mesure où nous étions en préparation de la mille et unième heure et que le risque d'une interruption de la ronde du fait de cette initiative était évident

    - qu'elle fragilise grandement la possibilité de tenir l'initiative prévue et préparée des 24 heures de la mille et unième heure.

    Des nouvelles donc dès demain midi à moins que d'ici là des incidents supplémentaires n'interviennent.

    Avec regrets

    François P8
    L'écriture du mel n'engage que moi dans la mesure où nous n'avons pas eu le temps d'une écriture collective»

    Voici, en complément, la déclaration des occupants de l'Hôtel de Ville:

    «Nous manifestants du 1er mai 2009, ne voulons pas nous en tenir à la marche habituelle. Nous occupons l'Hôtel de Ville de Paris pour exprimer notre dégoût envers le gouvernement, qui n'écoute pas la colère de la population qui subit la crise. C'est pourquoi nous appelons les habitants, travailleurs, étudiants, précaires sans-papiers en France et ailleurs, à résister par la grève générale et par tout autre moyen.
    Les occupants
    Paris, le 1er mai 2009, 22h.»

    Pour d'autres prises de position: http://www.fabula.org/actualites/article31040.php

  • Texte adopté par le Bureau National du SNESUP du 30 avril 2009

    A la veille du 1er Mai, en cette treizième semaine de mobilisation dans les universités et les laboratoires, la colère de la communauté universitaire reste intacte. La sortie au JO du décret statutaire des enseignants-chercheurs et des autres décrets concernant les personnels (CNU, classement, contrat doctoral unique), l'ouverture de discussions sur la réforme de la formation des enseignants sans qu'un véritable report pour l'année 2009-2010 n'existe, la tentative avortée de faire habiliter les maquettes de master « métiers de l'enseignement » par la DGESIP, sont autant de coups de force gouvernementaux qui provoquent l'exaspération des collègues. Tablant sur la lassitude du monde universitaire, le gouvernement cherche l'enlisement du mouvement et joue le pourrissement.

    Les actions menées et les AG tenues dans les universités, au retour des vacances de printemps, montrent que les personnels ne sont pas décidés à baisser les bras et ce fort potentiel de mobilisation pour les semaines à venir est à développer. Le 1er Mai et les convergences interprofessionnelles, effectives dans la manifestation à Paris le 28 Avril et générées par les mêmes attaques néolibérales pour installer les logiques marchandes dans les services publics d'enseignement et de santé, ouvrent de nouvelles perspectives unitaires.

    La plate-forme de l'Appel du Congrès du SNESUP du 3 Avril qui a en son cœur les quatre revendications solidaires n'a pas reçu, à ce jour, de réponse :

    • La restitution de tous les emplois supprimés en 2009, la création d'emplois statutaires dès cette année et la programmation d'un plan pluriannuel pour tous les métiers du supérieur et de la recherche.
    • Le retrait des projets de décrets « statut des enseignants-chercheurs », « CNU » et « doctorants » et l'abrogation du décret « comités de sélection ».
    • La revitalisation des organismes de recherche, le refus du démantèlement du CNRS et des autres organismes de recherche, le maintien des UMR (unités mixtes de recherche) associant les organismes et les universités, et l'exigence de financements stables récurrents nettement augmentés.
    • Le retrait du projet de réforme actuel de formation des enseignants et des concours de recrutement, et des logiques comptables et régressives qui sous-tendent ce dispositif et une augmentation conséquente du nombre de postes mis aux différents concours de recrutement des enseignants et conseillers d'éducation pédagogiques d'éducation.
    • Un financement à la hauteur des besoins du service public d'enseignement supérieur et de recherche et la révision complète du mode d'allocation des moyens (modèle dit SYMPA) pour un tout autre modèle régulé collégialement.

    La version du décret statutaire des enseignants-chercheurs, publié le 25 Avril, a été modifiée sur la question des promotions, des CRCT. Ont été confirmées des améliorations de débuts de carrières des MCF et des carrières des professeurs ainsi qu'une augmentation du nombre des promotions. Le décret maintient le principe, par la modulation des services, d'une augmentation généralisée des charges d'enseignement à rémunération constante. Le ministère a publié cependant ce 30 avril une circulaire d'accompagnement de ce décret. Cette circulaire précise « pour un enseignant-chercheur, le service ne doit pas s'écarter en moyenne, sur une certaine période, du service de référence composé de 128 heures de cours magistraux ou de 192 h de travaux dirigés ou pratiques ou toute combinaison équivalente, et d'une activité de recherche reconnue comme telle par le conseil national des universités », indiquant les conditions de déclenchement du paiement des heures complémentaires. Cette circulaire marque un recul du gouvernement sur la modulation des services. Elle doit servir de point d'appui pour s'opposer aux dérives de gestion locale des carrières contenue dans les décrets. L'application de la seule équivalence TP=TD nécessite des créations d'emplois en nombre bien supérieur au nombre d'emplois dont la suppression reste actée pour 2009.

    Pour lire l'ensemble du texte: http://www.snesup.fr/Presse-et-documentation?aid=4130&ptid=5

  • Communiqué de l'Association Générale des Etudiants de Paris-Sorbonne (AGEPS), le 30/04/2009

    Les universités françaises connaissent depuis maintenant trois mois un mouvement de grève sans précédent. Toute la communauté universitaire est mobilisée pour la sauvegarde du service public d'éducation. Le gouvernement, en jouant le pourrissement, prend l’université en otage, mettant en péril la bonne tenue du semestre en cours. Cette absence d’écoute de la part des ministères de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche est criminelle.

    Ce jeudi après-midi 30 avril, une réunion extraordiane des Conseils Centraux de Paris IV a débattu de la question de la validation du second semestre. Cette question de l’organisation de la fin du semestre se pose avec de plus en plus de force à mesure que l’année universitaire avance. 

    Deux hypothèses se présentent pour la fin de l’année : la première dans le cas où les cours reprennent, ce qui permet d’organiser des examens ; la seconde en l’absence de reprise des cours, ce qui empêcherait les examens de se tenir. L’AGEPS, en fonction de chacune d’elles, a réaffirmé à cette occasion les principes auxquels elle est attachée.

    Dans le cas d’une éventuelle reprise des cours, l'AGEPS a demandé à ce que les principes suivants soient respectés:

    - les examens porteront exclusivement sur ce qui a été vu dans les cours qui auront effectivement eu lieu, dans les conditions normales et aux horaires prévus, après la fin de la grève.

    - au sein de chaque UE, la coordination doit s'opérer entre les enseignants et les étudiants afin de clarifier ce qui pourra faire l'objet d'un examen ou non.

    - les cours en ligne doivent être considérés comme une aide et non comme un cours en tant que tel. Ils ne peuvent faire l'objet d'un examen quel qu'il soit.

    - les examens finaux seront coordonnés par le Service Central des Examens, et non UFR par UFR, afin d’éviter les problèmes organisationnels que notre université avait connu lors de la session d'examens post-CPE.

    Si la mobilisation se poursuit face au mépris des ministères et que les cours ne reprennent pas, il sera impossible de sanctionner la validation du semestre par des examens. Cette seconde hypothèse semble la plus probable au vu de la situation actuelle. Dans ce cas, le semestre aura été inexistant, puisque aucun cours n’aura pu se tenir dans des conditions normales ou en nombre suffisant, ce qui serait un coup tragique pour la création et la transmission du savoir, mission première des universités.

     

    L’AGEPS soutient pour ce cas de figure une solution qui permet de sauvegarder l’égalité entre tous les étudiants, mobilisés ou non, devant l’accès au diplôme. C’est pourquoi nous avons refusé l’octroi d’une note arbitraire, ce qui aurait été inégalitaire. La solution que nous avons défendue est celle d’une neutralisation de ce semestre. Les crédits correspondants au semestre 6 (30 crédits) seraient alors automatiquement accordés, sans note associée puisque le semestre n’a pu se tenir. La moyenne de la licence sera alors calculée sur 5 semestres au lieu de 6.

    Les instances de l’université nous ont affirmé que les étudiants ne seraient pas pénalisés dans l’avancée de leurs études, quand bien même le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche refuserait cette solution.

     La motion issue du Conseil Extraordinaire de Paris-Sorbonne de ce jeudi 30 avril expose les deux hypothèses précitées. Elle propose en fonction de chacune d’elles des solutions techniques d'organisation de la fin de l'année similaires à celles soutenues par l’AGEPS. Cette motion sera publiée sur le site de l’université dès le lundi 4 mai.

    Source: http://www.ageps.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=143&Itemid=1




    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique