• Communiqué de SLU, 25 mai 2009

    Ce n’est qu’un début, le combat continue. L’affirmation peut surprendre. Slogan de jadis ? Acharnement thérapeutique désespéré pour redonner vie à un mouvement qui, paraît-il, se conjuguerait désormais au passé ? Pas du tout : ce qui s’est passé depuis six mois ne saurait être rayé d’un trait de plume – tout simplement parce que nous n’avons pas obtenu ce que nous demandions. Quoi qu’il arrive, les universités françaises dans leur majorité ont montré qu’elles n’étaient pas prêtes à accepter de façon passive les réformes préparées hâtivement que nos gouvernants entendent leur imposer au nom d’une prétendue « modernité » qui ne consiste qu’à appliquer partout des recettes toutes faites empruntées au monde de l’économie. La loi LRU s’est vue délégitimée par ses mesures d’accompagnement et cela ne saurait être oublié. Tout le monde sait bien aussi que nous avons lutté non pour notre intérêt particulier ou notre feuille de paye, mais pour l’avenir de l’éducation et de la recherche dans ce pays. Face à cela, nous n’avons rencontré que l’insulte et le mépris. S’agit-il véritablement d’une victoire pour le gouvernement ?

    Certes c’est un fait que, presque partout, les universitaires entreprennent de faire passer des examens de fin d’année, dans des conditions le plus possible satisfaisantes pour tous. Mais aucune des raisons pour lesquelles ils le font ne signifie, comme le prétend le gouvernement suivi par de nombreux médias, que le combat engagé il y a plusieurs mois serait terminé et encore moins que les motifs pour lesquels il a été juste de l’engager seraient devenus moins pertinents. Ils le font parce qu’ils y sont contraints par la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche qui a fait le choix de durcir la confrontation avec la communauté universitaire pour des raisons n’ayant que peu à voir avec le bon fonctionnement des universités françaises. Ils le font parce qu’ils se sentent responsables de l’avenir de leurs étudiants, qu’ils se sont engagés à ce qu’aucun d’entre eux n’ait à pâtir du mouvement en cours et qu’ils entendent tenir parole (ils ne sont pas ministres...). Ils le font, enfin, parce qu’il n’était pas question de tomber dans le piège des examens qui avait été préparé avec un cynisme qui n’a eu d’égale que l’incapacité à ouvrir un dialogue avec la communauté universitaire depuis quatre mois.

    Nous venons ici de faire l’expérience de la brutalité d’une pratique napoléonienne du pouvoir universitaire qui répond par l’envoi des forces de l’ordre et l’utilisation des recteurs comme des préfets en mission à des revendications avancées depuis janvier dernier avec une clarté, une inventivité et une sérénité reconnues de tous. On se croit revenu avant 1968, cette date symbolique que les actuels gouvernants aspirent à effacer des mémoires.

    Pour lire la suite: http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2634

  • Appel de la Coordination Nationale Formation Des Enseignants (CNFDE), 22 mai 2009

    La mobilisation des formateurs dans les UFR et les IUFM a permis de faire reculer le gouvernement, principalement sur les échéances. Mais aujourd’hui, il prépare un coup de force pour promulguer avant l’été les décrets modifiant le recrutement des enseignants. Sans attendre la fin des travaux de la « commission de concertation », dont le rapport doit être remis le 15 juillet, il a inscrit l’examen de ces décrets à l’ordre du jour de la Commission paritaire technique ministérielle (CTPMEN) du 27 mai et du Conseil supérieur de la fonction publique d’État du (CSFPE) du 12 juin :
    • La « réforme » est en marche pour 2011, une « réforme » qui conserve toute sa nocivité (l’année bac + 5 à la charge des étudiants, une année de M2 ingérable où il faudra concilier préparation au concours, mémoire de recherche et stages éventuels, la fin de la formation en alternance…). Elle contient toujours les dispositions qui, tout à la fois, mettraient en péril les masters recherche et feraient disparaître les IUFM. Au total, on assisterait à une dégradation de la qualification réelle des enseignants débutants, tant du côté de la maîtrise des savoirs académiques que de celui des compétences professionnelles, et par voie de conséquence, de la qualité du service public d’éducation.
    • Le dispositif prévu pour l’année dite transitoire 2010-2011 cumulerait les inconvénients pour les lauréats : exclus de la reconnaissance de leur formation au niveau master, privés de la « revalorisation », privés de formation initiale en IUFM, ils auraient, certains pour la première fois, à prendre en charge des élèves pour 2/3 de leur temps de service (contre 1/3 aujourd’hui).
    Pour lire la suite: http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2623

  • Nous, enseignants de l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, sommes en lutte depuis le 26 janvier pour dire notre refus des contre-réformes extrêmement dangereuses que le gouvernement tente de nous imposer. Nos étudiants, depuis le début, se battent à nos côtés pour les mêmes objectifs et contre les mêmes adversaires.

    Sous des formes diverses, nous avons suspendu nos enseignements habituels et il est évident aujourd'hui que nous ne pourrons pas, comme s'il ne s'était rien passé, organiser les examens de fin de semestre et évaluer nos étudiants sur des connaissances que nous n'avons pas transmises ou que nous n'avons transmises qu'à certains d'entre eux. Il nous apparaît cependant injuste que les étudiants soient pénalisés par le mouvement social en cours, qu'ils s'y soient associés ou qu'ils l'aient subi.

    Le Conseil d'administration, par ses déclarations publiques, a garanti la valeur des diplômes que nous délivrerons cette année. Il nous appartient à présent, en tant qu'enseignants engagés dans un mouvement de lutte, d'offrir à nos étudiants un certain nombre de garanties d'équité pour que l'évaluation de fin de semestre puisse se dérouler dans la sérénité et la confiance mutuelle. Nous nous engageons solennellement devant eux :

    1. A participer activement aux jurys dont nous sommes membres
    2. A vérifier que les évaluations effectuées correspondent à des contenus transmis à tous les étudiants  et qu'elles tiennent compte des conditions particulières de ce semestre
    3. A demander l'explication de chaque note au-dessous de la moyenne
    4. A recevoir individuellement, avant que le jury ne délibère, tout étudiant qui n'aurait pas les notes suffisantes pour que son semestre soit validé et qui en ferait la demande
    5. Au cas où un étudiant aurait été lésé, à utiliser les notes de nos propres enseignements comme variables d'ajustement pour compenser ce préjudice
    6. A éviter autant que possible de renvoyer un étudiant à la session de rattrapage, fixée cette année en septembre
    7. A refuser de signer le procès-verbal du jury si un seul étudiant a été lésé du fait du mouvement de grève
    8. A participer à la Commission de veille et de médiation afin qu'une garantie de justice soit obtenue dans toutes les composantes.
    Cette évaluation de fin de semestre est pour nous une étape de la lutte que nous continuons à mener contre les réformes en cours.

    Déclaration signée par 72 enseignants à la date du 22 mai 2009.

  • Contrairement à ce que voudraient faire croire le gouvernement et les médias, la tenue des examens à Paris 3 ne signifie nullement pour nous l'arrêt du mouvement d'opposition à la casse de l'université.

    C'est l'assemblée générale des étudiants et des personnels qui a pris, à une très large majorité, une décision qui nous permet, face aux manoeuvres du gouvernement, de rester unis et d'organiser, en toute indépendance, des évaluations de fin de semestre équitables.

    Nous restons, plus que jamais, mobilisés pour la défense des intérêts des étudiants, parce que l'université n'est pas une entreprise et que le savoir n'est pas une marchandise.

    Paris 3, le 20 mai 2009

  • Voici un mail reçu d'une étudiante sud-coréenne en échange en L3 à la Sorbonne, expliquant pourquoi elle soutient notre combat:


    As for your question, in my country (South Korea), there are both private
    and public universities, and many of the prestigious schools have naturally
    become private ones with much higher fees (droits d¹inscription).
    As for the public universities, one of the most prestigious remains
    ³symbolically² public: my university, the Seoul National University. At the
    beginning of every academic year, there's a strong fight between the
    students who try to stop the fees from increasing every year, and the
    administration board.

    Since our university remains symbolic, all the other public universities
    depend on our university's decision, prepared to say, 'They increased the
    fee first!' All the reason more for us to fight.
    This is because over the last few years, the government has been trying to,
    and has already succeeded in 'gradually privatizing' the existing public
    universities, telling the president  of the university to bring whatever
    modification he wants to bring to 'his' university, and cutting govermental
    support, saying that only free competition between the universities will
    make our universities stronger.
    (This, as we all know, is a LIE.)

    Ever since, many of the public universities have been increasing the fees
    every year, saying, 'We're no longer getting that much support from the
    goverment. If you want a better university, pay more money.'
    Some of them in relatively rural areas even underwent several drastic
    changes, the most striking one being the suppression of the Korean Language
    and Literature department. (They said that it's not profitable for
    the job market and that no one really wants to get in there any more.)
    Imagine a normal, four year, comprehensive university without our own
    language and literature department!!

    To be more specific, the average fee for a private university is about 2500
    euros every semester, which means about 5000 euros a year.
    (This still might not seem very much, but you also have to take in
    consideration the currency exchange rate. For example, in Korea, it takes
    only 5-7euros to eat in a fancy restaurant.)

    More drastic change occured to the public universities. Only 5 years ago,
    there was a fundamental difference of the enrollment fee between private and
    public universities.
    For example, our university's enrollment fee was only about 100 euros a
    semester 10 years ago, and only 4-5 years ago, it was 400 euros a semester
    (about 800 euros a year), but it has been continually on the increase
    despite our fight, and last year, the increase rate was 18.4%!!!!
    Now, 5 years later, it's about 1300-1500 euros a semester, and for certain
    departments, it goes up to almost 2000 euros a semester, not very different
    from the private schools.

    I hope that my meager explanation of our country's situation will be of some
    help, however little.
    I don't explain very well, but I can assure you that the problem has become
    very serious in our country, and it's already become a bit too late for us.
    That is why I hope with all my heart that the teachers and students will win
    this fight, at least in France, because I personally think that it still
    isn't too late for you.





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