• Le Snes contre les étudiants bouche-trous

    L'avantage avec Luc Chatel, c'est qu'il est si discret, si vague dans ses propos, qu'avec lui tout semble résolu. Pourtant il reste encore des sujets brûlants sur la table, comme la réforme de la formation des enseignants. A Lyon, le Snes mobilise contre l'utilisation d'étudiants comme profs remplaçants, résultat, selon lui, de cette réforme.

    Manif à Marseille, fev 09 (Reuters)

    Le 19 octobre, le syndicat, qui est pourtant favorable à la réforme, a envoyé un courrier à ses membres. Il leur demande de refuser d'assurer l'encadrement des étudiants qui seraient envoyés dans leur établissement dans le cadre de "stages en responsabilité" (en classe seuls face aux élèves). A l'heure où l'on supprime des postes, le Snes y voit une façon détournée de recourir à du personnel précaire pour boucher les trous.

    A l'origine du mécontentement, la circulaire du ministère de l'Education le 20 août 2009, portant sur l'organisation des stages des étudiants préparant les métiers de l'enseignement. Elle en prévoit deux sortes. D'abord des stages d'observation et de "pratique accompagnée" qui ne posent pas de problème: ils existaient avant et sont la première approche du terrain.

     

    Le second type de stages - en responsabilité - fait, lui, débat. Avant ils étaient de 6 heures par semaine pour les futurs profs du secondaire. Juste après leur réussite au concours, ils avaient en effet une année de formation en alternance, généralement en IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) - l'apprenti prof discutait de son stage avec ses enseignants, analysait ce qui lui posait problème, etc.

    Manif à Lyon, 5 fev 09 (Reuters) Avec la réforme, ces stages peuvent aller jusqu'à 108 heures maximum, payés 3 000 euros. Comme la formation est rallongée d'un an - il faut désormais un master (bac plus cinq) -, il s'agit ainsi, officiellement, de permettre aux étudiants les plus modestes d'avoir une activité rémunérée et de ne pas renoncer devant la longueur des études. Mais en même temps, l'étudiant doit décrocher son master et son concours... Ce qui ne parait pas évident, vue la charge de travail que représentent les cours - préparation, correction, etc  - surtout lorsque l'on débute.

    "Le rectorat de Lyon envisage de placer l’étudiant 18 heures par semaine devant les classes d’un collègue absent, l’autre possibilité étant de répartir le service d’un collègue entre deux étudiants, écrit le Snes. Il s’agit d’utiliser - certains pourront dire exploiter - des étudiants-stagiaires sous-payés pour assurer des missions de remplacement" alors même que le gouvernement supprime 3000 emplois d’enseignants-remplaçants. S'ils ratent leurs concours, poursuit le syndicat, ces étudiants "seront des candidats tout trouvés pour devenir vacataires ou contractuels."

    Le Snes appelle donc ses adhérents à ne pas se porter volontaires pour assurer le tutorat de ces stagiaires, et à signer une pétition qui sera envoyée au Rectorat de Lyon.

    La réforme de la formation des enseignants, au coeur de la dernière crise universitaire, reste inachevée et particulièrement confuse. Plus grand monde ne sait où on en est, si ces stages doivent débuter dès cette année ou l'année prochaine, si toutes les académies les mettent en place ou si c'est à la discrétion de chacune...

    Le Snes réclamait depuis longtemps le recrutement des professeurs au niveau du master (et non plus de la licence). A ses yeux, c'est la reconnaissance d'un état de fait - la plupart des profs du secondaire faisaient cinq ans d'études. Et cela doit maintenant être suivi par une revalorisation financière.

    Source : http://classes.blogs.liberation.fr/soule/2009/10/dans-une-du-snes-de-lyon.html


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