• Les profs fâchés par la formation

    Présentée vendredi dernier aux syndicats enseignants, la dernière mouture de la « mastérisation » a provoqué un véritable tollé. Une grève est déjà prévue mardi.

    La relative accalmie sur le front de l’éducation nationale est bel et bien finie. Depuis deux jours, les syndicats enseignants sont ressortis du bois, furieux, pour dénoncer, les uns après les autres, le dernier projet de réforme de la formation des maîtres. Cette « mastérisation » (le recrutement des futurs enseignants se fera désormais au niveau master 2, soit bac+5) était au cœur de la contestation universitaire du printemps. Contestation qui obligea finalement le gouvernement à promettre une remise à plat et un report d’un an (à la rentrée 2010) de toute application. Seulement voilà  : cette nouvelle mouture, présentée vendredi dernier aux syndicats, a provoqué un véritable tollé. Du Snes-FSU au SE-Unsa, en passant par le Sgen-CFDT et le Snalc-Csen (classé plutôt à droite), pas une organisation n’est satisfaite des arbitrages rendus par Valérie Pécresse et Luc Chatel. Tout fâche. À commencer par le calendrier. Le gouvernement a souhaité, en effet, que tous les concours aient lieu durant l’année de master 2. Les épreuves « d’admissibilité », notamment, se feront en septembre pour les futurs professeurs des écoles et en décembre pour ceux des collèges et des lycées, soit six mois tout juste avant l’admission définitive.

    « Une situation explosive dans les universités »

    « Ces épreuves d’admissibilité sont beaucoup trop tardives », réagit le Sgen-CFDT, qui souhaitait, avec cinq autres syndicats et l’Académie des sciences, une admissibilité en fin d’année de master 1. Surtout, ces épreuves, tout comme les masters, auront un fort contenu « disciplinaire ». à savoir, ils seront centrés en priorité sur la connaissance des disciplines à enseigner, au détriment de la dimension pédagogique du métier. Pour le gouvernement, le but est de créer une formation suffisamment généraliste pour que les nombreux étudiants qui échoueront chaque année aux concours d’enseignant puissent sortir du supérieur avec un diplôme directement utilisable sur le marché du travail. Pour les syndicats, c’est la garantie, malheureusement, d’une professionnalisation insuffisante. « Enseigner est un métier qui s’apprend, s’agace le SE-Unsa. On envoie dans le mur les futurs enseignants. » Au final, cent huit heures de stages en responsabilité (réparties en deux périodes « facultatives ») seront proposées en M2. « Cela ne suffira pas », peste le Snes-FSU, qui dénonce un « projet inacceptable ». Pour les étudiants, cette année de M2 s’annonce particulièrement imbuvable  : comment pourront-ils cumuler les cours, les épreuves à réviser, les stages en classes avec la préparation des cours, et enfin la réalisation d’un mémoire de recherche validant leur master  ? L’Unef a réclamé de « profondes inflexions », sans quoi elle craint « une situation explosive dans les universités ». De leur côté, les trois syndicats de la FSU (Snuipp, Snes et Snesup) ont appelé à la grève dès mardi prochain…

    Source : http://www.humanite.fr/2009-11-18_Societe_Les-profs-faches-par-la-formation


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