• Nos enfants méritent mieux que cette farce

    Monsieur Darcos a-t-il entendu la clameur monter tout l’hiver des universités, des IUFM et des places publiques : « La réforme est mauvaise » ? Les concours sont finalement maintenus l’année prochaine dans leur forme actuelle. Soulagement… Il était d’ailleurs devenu impossible de bricoler dans la plus grande précipitation un nouveau concours à quelques semaines de la rentrée. Mais si le ruban du cadeau est chatoyant, la ficelle apparaît bien vite un peu grosse : le paquet ainsi emballé n’a pas changé, toujours une mastérisation de la formation et du recrutement des enseignants façon Darcos-Pécresse. Nous, membres actuels et anciens membres du jury de CAPES d’histoire-géographie, souvent préparateurs à ces concours ou formateurs des jeunes lauréats, ne pouvons nous taire devant une telle mise en danger de la formation et du recrutement des enseignants.

    Le ministère veut imposer que les candidats aux concours s’inscrivent dans de nouveaux parcours ou masters métiers de l’enseignement, dont les universités ont refusé de déposer les maquettes : en effet, selon une recette digne des plus grands « puddings », ces masters devraient accumuler concours, mémoires de recherche et stages - en deux ans. De tout, un peu et mal. Est-ce bien raisonnable ? Pourquoi utiliser le cheval de Troie des inscriptions aux concours pour faire passer « en douce » ou plutôt en force, une mastérisation monstrueuse et dangereuse ? Pourquoi refuser de se donner le temps et les moyens de penser une réforme constructive ? La formation et le recrutement des enseignants méritent-ils tant de confusion, de précipitation - de cynisme ?

    L’important pour le ministère n’est pas la compétence, c’est la maîtrise du cadre et des dépenses. Il a tenté de mettre les concours au même pas : structure unique pour des métiers multiples, de la maternelle à la terminale. S’il y a renoncé temporairement, il n’a accordé aux concours actuels qu’un sursis d’un an, sans leur faire grâce du carcan de cette mastérisation. Ainsi, le bourreau a décidé qu’en plus d’une préparation exigeante, les candidats devraient réaliser un mémoire de recherche et suivre des stages. Comment pourront-ils mener de front toutes ces tâches la même année ? S’agit-il encore de formation et d’accomplissement intellectuel ou d’un régime de double, voire triple peine ? Les concours restent pourtant le moyen le plus égalitaire de recruter dans un cadre national des fonctionnaires d’État et de qualité. Et c’est bien là l’enjeu majeur. Ces masters ou parcours, que X. Darcos et V. Pécresse voudraient voir bricolés dans la plus grande hâte, préparent des cohortes d’étudiants reçus à des masters sans valeur réelle mais « collés » à des concours. Quoi que les bateleurs cherchent à faire accroire, cette réforme ne prépare pas la circulation des étudiants et des diplômés en Europe, mais des viviers de contractuels mal formés, taillables et corvéables à merci par des commissions rectorales ou des établissements. Économie à courte vue qui met en péril l’école.

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