• Quoique quelque peu en retard au rendez-vous de « Sud-Ouest », Jean-Louis Gout a répondu sans détour aux questions posées par les internautes pendant une heure, même si, sur la toile, Gilbert lui a reproché ses réponses convenues et approximatives. D'un naturel sanguin, Jean-Louis Gout est resté concentré et calme. Il a tenu à répondre à tout le monde et sur tous les sujets : sa prime de président, sa Légion d'honneur - reçue en toute discrétion le 28 août dernier, ses coups de poing lors d'une assemblée générale étudiante, ses annonces pessimistes suite au mouvement de grève... Jean-Louis Gout aime les défis. Il n'a donc pas l'intention de démissionner de sa fonction de président quelques jours avant l'échéance du passage à l'autonomie de son université, même si la tâche est lourde. Il a également bien l'intention de se battre contre l'idée selon laquelle l'UPPA serait exclue de l'excellence. Face à l'inquiétude des internautes concernant la « concurrence » de Bordeaux, Jean-Louis Gout la partage, ne veut pas être le parent pauvre du pôle de recherche de l'enseignement supérieur (PRES) et réclame une meilleure place.

    Source : http://www.sudouest.com/bearn/actualite/pau/article/795278/mil/5441824.html

  • DESINTOX

    Selon le Président, les Universités françaises ont progressé pour la première fois depuis 25 ans au classement de Shanghaï, du fait de la réforme de l'autonomie. Gros culot et triple intox.


    «Pour la réforme de l’autonomie des universités, nous n’avons pas reculé d’un demi-centimètre. Et pour la première fois depuis vingt-cinq ans, dans le classement de Shanghai, les universités françaises remontent.»

    Nicolas Sarkozy le 28 novembre à Aubervilliers

     

    INTOX

    Pour l’entrée dans la grande ligne droite des élections régionales, Sarkozy s’est livré à un grand show, samedi 28 novembre, à Aubervilliers, lors du conseil national de l’UMP. Offensif avec l’opposition, le Président a surtout vanté dans les grandes largeurs son bilan et ses réussites. Ainsi, à propos de la réforme des universités, le Président s’est emballé : «Pour l’autonomie des universités, qui nous a valu neuf mois d’occupation l’année dernière, nous n’avons pas reculé d’un demi-centimètre. Et pour la première fois depuis vingt-cinq ans, dans le classement des universités de Shanghai, les universités françaises remontent. C’était possible, nous l’avons fait.» Des propos réitérés trois jours plus tard lors du discours sur la relance, à la Seyne-sur-mer.

    DESINTOX

    Ainsi, les universités françaises remonteraient pour la première fois depuis vingt-cinq ans au classement de Shanghai par la grâce de la réforme de l’autonomie ? Voilà un bobard mention très bien pour le Président, qui décoche trois bêtises en une seule phrase. La première, c’est que la remontée des universités françaises au classement de Shanghai ne peut pas être la première depuis vingt-cinq ans, étant donné que ledit classement n’a que sept ans d’existence. Ce classement - devenu incontournable mais qui demeure très contesté du fait de ses biais méthodologiques- a en effet été créé en 2003, afin de comparer les universités chinoises aux meilleures mondiales. Il prétend juger les universités en s’appuyant sur six critères (dont le nombre de récompenses attribuées aux chercheurs - prix Nobel ou médailles Fields -, nombre de publications dans les revues de référence, volume des citations, etc). La deuxième contre-vérité de Sarkozy, c’est qu’en 2009, les universités françaises n’ont pas enregistré, par rapport aux années précédentes, de mouvement spectaculaire justifiant cet opportun enthousiasme présidentiel. Depuis 2004, la France demeure stable, à la sixième place du classement, avec 23 universités dans le top 500 (contre 22 en 2004). Comme l’an passé, la France compte trois universités dans le top 100 (mais elle en comptait quatre jusqu’à 2007). La première université hexagonale au classement, Paris-VI (université Pierre-et-Marie-Curie), accroche la 40e place (elle était 42e en 2008 et 39e en 2007). Paris-Sud-XI passe de la 49e à la 43e place. Enfin, l’Ecole normale supérieure poursuit sa progression en passant de la 73e à la 70e place (après avoir été 83e en 2007). «Si l’on met de côté l’année 2004, où le classement avait été chamboulé en raison de modifications dans les critères, la situation est assez stable», reconnaît Gilbert Bereziat, vice-président aux relations internationales de Paris-VI. Mais la dernière - et majeure - ânerie de Sarkozy consiste à laisser croire que la réforme de l’autonomie aurait pu avoir un impact sur l’évolution du classement 2009. Il n’en est rien. «Il n’y a aucune relation de cause à effet entre la réforme de l’autonomie et le classement de Shanghai », assure sans détour Guy Couarraze, président de Paris-Sud-XI. C’est assez simple à prouver pour son université : elle n’est pas encore passée à l’autonomie (ce sera le cas au 1er janvier 2010). Et Guy Couarraze de continuer : «Mais même si on prend l’exemple de Paris-VI, qui est passé à l’autonomie en janvier dernier, la réforme n’a eu aucun effet. Ne serait-ce que parce qu’il y a une grande inertie dans la manière dont le classement de Shanghai est réalisé.» De fait, le classement se fait en grande partie en fonction des publications des chercheurs. Or, la publication d'un article est un processus long, qui peut prendre plusieurs années. A Paris-VI, Gilbert Bereziat, en convient : «Ces deux questions n’ont rien à voir. Au-delà, la réforme est bien trop récente pour qu’on dise que les universités françaises sont vraiment autonomes, et qu’on prétende en faire un bilan. Là, Nicolas Sarkozy pousse le bouchon un peu loin.» Mais c’est bien connu, le Président est un homme pressé. Y compris quand il s’agit de se tresser des lauriers.

    Source : http://www.liberation.fr/societe/0101606346-sarkozy-bobards-mention-tres-bien


  • Le personnel et les étudiants de l'institut universitaire de formation des maîtres, réunis en assemblée générale ce matin, ont voté la grève pour laquelle ils avaient déposé un préavis mercredi. Elle pourrait être reconduite lundi.

    Ils protestent contre la réforme qui doit s'appliquer à la rentrée. Cette réforme, dite «masterisation» car elle prévoit de recruter les futurs enseignants au niveau master 2 (bac + 5), avait été l’un des motifs centraux de la contestation universitaire du printemps et, de ce fait, repoussée d’un an. La réforme prévoit que la formation incombe désormais aux universités via ces masters, et non plus aux IUFM.

    Les participants à l'assemblé générale se sont ensuite rendus devant le rectorat pour manifester.

    Source : http://www.lequotidien.re/actualites/c-tait-en-direct/77626-education-iufm-en-greve-depuis-ce-matin.html


  • Novembre 2009 : la deuxième grève étudiante de cette année secoue les universités allemandes et pour la deuxième fois les problèmes liés aux réformes de Bologne sont au centre de l’agitation. Et pourtant, cette grève est différente de toutes celles qui l’ont précédée : cette  fois-ci, tout le monde est d’accord avec les revendications étudiantes. Les professeurs, les présidents des universités, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche et même Angela Merkel ; tout le monde partage l’avis des étudiants selon lesquels les maquettes sont surchargées et l’organisation des études universitaires est devenue trop « scolaire », verschult.

    Les études trop scolaires ? Plus personne ne semble encore se revendiquer ouvertement du modèle humboldtien, tant le réformateur libéral est devenu la bête noire de toutes les réformes néolibérales qui ébranlent le monde académique actuellement en Europe. Et pourtant, le mot d’ordre contre une université trop « scolaire » laisse apparaître à quel point l’énigmatique « modèle humboldtien » continue à structurer les débats.

     

     

     

    Qui est Humboldt et quel est son modèle ?

    Wilhelm von Humboldt, frère d’Alexander, naturaliste et explorateur en Amérique latine, fut un linguiste de talent et un fonctionnaire peu zélé. Après un long séjour à Paris autour de 1800, il accède à un poste en accord avec son manque d’ambition bureaucratique et est nommé ambassadeur prussien auprès d’un saint-siège entièrement dépendant de la politique française.

    Début 1809 pourtant, le chancelier réformateur Stein met fin à la dolce vita romaine en faisant nommer Humboldt directeur de la « section du culte et de l’enseignement public ». Mécontent de ne pas avoir obtenu le rang de ministre et de ne pas avoir pu réaliser l’ensemble de ses idées, Humboldt démissionnera seize mois plus tard, non sans avoir entamé des réformes essentielles : la création de l’Abitur, l’équivalent du baccalauréat, un examen d’aptitude pour les professeurs, un curriculum pour les études secondaires et la fondation de l’Université de Berlin qui porte aujourd’hui son nom.

    Dans un mémoire administratif, Humboldt avait esquissé ses idées pour « l’organisation interne et externe des établissements d’enseignement supérieur à Berlin ». Il y explique la différence fondamentale qui doit séparer le savoir universitaire du savoir scolaire : l’école transmet des connaissances fixes et immuables, tandis que l’université doit entretenir un rapport « problématique » au savoir. Tout savoir scientifique est soumis au mouvement de la recherche, il est instable et provisoire.

    D’où, l’autre idée-phare, celle d’unité de l’enseignement et de la recherche, qui implique non seulement que les enseignants du supérieur doivent être des chercheurs, mais que les étudiants doivent être considérés non pas comme des élèves auxquels il faut inculquer un certain nombre de connaissances, mais comme des intellectualités capables de participer au mouvement de la recherche. Plutôt que des connaissances qui pourraient faire l’objet d’un examen, l’université doit transmettre un ethos, une certaine attitude intellectuelle et morale selon laquelle il faut « toujours rester en train de chercher ».

    Ce mémoire est resté littérature grise pendant près d’un siècle, mais depuis sa publication en 1900 il est considéré comme le document-clé du modèle humboldtien, ou, doit-on dire, du « mythe humboldtien ». L’historienne Sylvia Paletschek a montré comment ce que nous appelons le « modèle humboldtien » a été inventé au début du XXe siècle et constamment réinventé depuis.

    La référence à « Humboldt » a servi à justifier le fonctionnement mandarinal de l’Ordinarienuniversität et il est invoqué par les étudiants pour contester ces mêmes structures. Garant de l’unité de la recherche et de l’enseignement, Humboldt  a justifié la construction de grandes structures de recherche en dehors des universités.

    Mais ce sont surtout les groupes de pression pro-Bologne, tel le très influent Centrum für Hochschulentwicklung de la fondation Berthelsmann, qui ont réussi à discréditer l’héritage du grand réformateur comme une idéologie qui n’a que trop longtemps servi aux professeurs pour négliger l’enseignement au profit de la recherche et la nécessaire professionnalisation des étudiants au profit de la poursuite de leurs intérêts particuliers.

    Adepte du libéralisme, l’auteur de l’Essai sur les limites de l’action de l’État a toujours voulu limiter au maximum l’influence de l’État sur les universités, non pour les soumettre dorénavant aux forces du marché et du marché du travail, mais pour créer un espace social où la recherche la plus désintéressée et le libre développement des personnalités peuvent avoir lieu.

    Par un étrange retournement des choses, le libéralisme du modèle humboldtien est devenu la cible privilégiée des attaques néolibérales, tandis que les défenseurs d’un modèle humboldtien revendiquent aujourd’hui un rôle plus actif de l’État en faveur de l’enseignement et de la recherche. À l’heure du bicentenaire de l’Université Humboldt de Berlin, le modèle de son fondateur serait à réinventer – comme il n’a cessé de l’être depuis deux siècles.

    Source : http://www.lemensuel.net/2009/11/27/le-modele-humboldtien-modele-universitaire-de-reference/


  • Alors que de premiers signes de mobilisation se font sentir, la Conférence des Présidents d'Université (CPU) vient de publier un communiqué dans lequel elle exprime «son désaccord avec les propositions formulées par les ministres» Valérie Pécresse et Luc Chatel.

    Déjà, le thème de la réforme de la formation et du recrutement (mastérisation) des enseignants avait fait partie des raisons de la journée de mobilisation du 24 novembre. Le sujet était au coeur d'une A-G à Lille. Les deux ministres ont «choisi la pire des solutions», avais-je écrit sur ce blog. Un avis largement partagé par un front syndical. Les présidents d'université étaient au pied du mur, ils viennent de manifester clairement que si cette réforme est imposée par le gouvernement cela sera contre l'avis d'une très large majorité de la communauté scientifique, universitaire et éducative. Sauvons l'Université a d'ailleurs publié un «Appel à ne pas appliquer la réforme».

    Voici le communiqué de la CPU (les mots en gras le sont dans le texte d'origine) : 

    «Lors de sa réunion plénière du 19 novembre, la CPU, à l'unanimité de ses membres, a exprimé son désaccord avec les propositions formulées par les deux ministres, considérant qu'elles ne permettraient pas d'atteindre les objectifs visés : améliorer la formation des futurs enseignants et leur niveau de recrutement, au service d'une école de qualité et de la réussite des élèves.

     

    Les propositions formulées par les deux ministres mettent en évidence un malentendu profond sur ce que sont des masters : à savoir des parcours universitaires de spécialisation de quatre semestres, adossés à la recherche, avec des modes de fonctionnement et des calendriers adaptés aux enjeux professionnels de formation et aux standards européens.


    De même, ces propositions traduisent une méconnaissance de la réalité des parcours étudiants, des difficultés de réorientation en cours de cursus et du risque d'accroissement de la durée des études  induit par ces propositions.

    Enfin la CPU ne comprend pas que cette réforme ne soit pas l'occasion de définir un modèle de formation des maîtres scientifiquement et pédagogiquement amélioré et novateur, s'inspirant des modèles les plus avancés au niveau européen. Car in fine, les enjeux de la formation des enseignants sont d'abord ceux des élèves des écoles, des collèges et des lycées qu'il faut faire réussir en plus grand nombre et à qui il faut donner ou redonner le plaisir et le goût d'apprendre et de réussir.

    C'est pourquoi, engagées dans la formation des enseignants depuis de longues années, les universités et leurs composantes entendent assumer pleinement leur responsabilité majeure pour mettre en place des cursus universitaires de qualité et cohérent.

    En conséquence, la CPU attend des évolutions sur ce dossier et revendique d'être consultée et associée à la définition du cadrage national des masters et aux maquettes des concours.»

    J'ajoute le texte suivant, qui peut sembler redondant, mais qui est celui de la motion votée en assemblée pleinière par les présidents. Il est légèrement différent, aux exégètes d'examiner si ces différences ont une signification autre que de forme.

    «La CPU ne peut pas accepter les propositions arrêtées par les ministres de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche sur la mise en oeuvre de la réforme de la formation des enseignants.

    Telle quelle, la réforme n’est pas à la hauteur des enjeux et ne permettra pas d’atteindre les objectifs qu’elle se donne : améliorer la formation des futurs enseignants en élevant leur niveau de recrutement au niveau du master.

    Les propositions formulées mettent en évidence un malentendu profond sur la mastérisation et une méconnaissance de la réalité des cursus universitaires et des parcours étudiants. Alors que la réforme doit permettre de proposer aux futurs enseignants une formation intégrée et cohérente, les propositions dessinent un schéma de formation incohérent et composite. De plus ces propositions semblent ignorer la logique des masters, cursus universitaires de spécialisation, adossés à la recherche avec des modes de fonctionnement et des calendriers adaptés aux enjeux de formation et aux standards européens et des modèles de formation professionnelle référencés. De même, elles ne prennent pas en compte les étudiants, les difficultés de réorientation en cours de cursus et le risque d’accroissement de la durée des études.

    Pour la CPU, cette réforme qui constitue un enjeu déterminant pour l’avenir de la société et des étudiants, doit apporter une réelle amélioration de la formation des futurs enseignants et comporter une dimension intrinsèquement universitaire articulant exigences scientifiques et professionnalisation. C’est dans cet esprit que les conférences universitaires ont apporté en juillet 2009 une contribution approfondie qui émanait de l’ensemble de la communauté universitaire et dessine une position constructive et des propositions sérieuses pour une réforme réussie de la formation des enseignants. Alors que cette contribution constitue une base de réflexion légitime pour réussir une réforme ambitieuse et indispensable, les propositions formulées par les deux ministères semblent ignorer cette contribution voire sur plusieurs points en prendre le contre-pied.

    La CPU considère qu’il est indispensable que les ministères reviennent sur les schémas actuellement proposés.

    Texte voté à l’unanimité.


    Source : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/11/mastérisation-les-présidents-duniversité-contre-le-projet-pécressechatel.html





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