• À quoi doit servir l’université ?

    Rappel des faits

    Les universités françaises et les organismes de recherche viennent de vivre quatre mois d’une intense mobilisation. À l’origine de la colère, la loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU) du 10 août 2007. Alors que celle-ci avait déjà fait l’objet de nombreuses protestations, la présentation par le gouvernement de ses décrets d’application a mis le feu aux poudres.

    « À budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50 % en moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs. Évidemment, si l’on ne veut pas voir cela, je vous remercie d’être venus, il y a de la lumière, c’est chauffé… on peut continuer, on peut écrire. » Le 22 janvier 2009, le monde de l’université et de la recherche est pris de stupeur en prenant connaissance du discours, prononcé à l’Élysée devant un parterre de scientifiques, du président de la République. Déjà soumis depuis plusieurs années à la dégradation constante de leurs conditions de travail, inquiets des conséquences concrètes de la loi LRU, dont ils perçoivent plus précisément les effets avec la modification du statut des enseignants-chercheurs et les nouveaux pouvoirs donnés aux présidents d’université, les enseignants, les chercheurs, les étudiants, les personnels de la recherche et de l’université mesurent brutalement le degré de mépris dans lequel ils sont tenus par le pouvoir. Dans une lettre ouverte adressée à Nicolas Sarkozy, Wendelin Werner, médaille Fields 2006, membre de l’Académie des sciences, se fait alors le porte-parole de l’indignation de l’ensemble de la communauté scientifique. L’intransigeance du gouvernement, son refus de toute discussion transforment rapidement cette indignation en colère. Et la grève gagne l’ensemble des universités, ponctuée par d’importantes manifestations. Sans rien céder sur le fond, le gouvernement a finalement fait quelques concessions, tout en multipliant les intimidations et les mesures de rétorsion. À l’heure qu’il est, les examens approchant, la reprise est quasiment générale, mais personne ne s’aventurerait à dire que le mouvement est terminé. Au contraire, la prise de conscience de la cohérence des projets en cause s’est approfondie en même temps que s’exprime la volonté de mettre les questions de l’université, de la recherche, de la formation au centre du débat public en France et en Europe. C’est ce dont témoigne cette table ronde de l’Humanité. Jacqueline Sellem

    Source: http://www.humanite.fr/2009-05-30_L-Humanite-des-debats_A-quoi-doit-servir-l-universite

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