• La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a annoncé qu'elle allait juger de la "légalité" de la hausse des droits d'inscription de certains masters de Paris-Dauphine au regard d'un avis rendu par le Conseil d'Etat en 2008.

    L'Université Paris-Dauphine, qui a le statut de grand établissement, a décidé lors d'un conseil d'administration hier d'augmenter à la rentrée 2010 les droits de scolarité de 44 de ses 105 masters, qui sont des "masters d'établissement". "Je n'ai pas encore la délibération qui a été prise par le conseil d'administration de Paris-Dauphine, mais en fonction du contenu de cette délibération, je jugerai de sa légalité au regard de l'avis rendu par le conseil d'Etat" en 2008, a déclaré la ministre.

    En 2008, lors d'un précédent projet de Paris-Dauphine d'augmenter ses frais d'inscription pour la licence, la ministre avait saisi le Conseil d'Etat. Celui-ci avait dit qu'il n'était "pas légal" de "transformer des diplômes nationaux en +diplômes d'établissement+ pour le seul motif de faire des droits d'inscriptions", a rappelé Valérie Pécresse.

    La ministre s'exprimait en marge de la signature d'une Charte pour l'égalité des chances dans l'accès aux formations d'excellence avec la Conférence des grandes écoles et avec la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs.

    Selon Paris-Dauphine, les droits d'inscription s'échelonneront entre 1.500 et 4.000 euros par an, selon les revenus de la famille, et pourront être réduits par certains abattements. Les boursiers en seront exonérés. "Paris-Dauphine n'est pas une université, c'est un grand établissement, donc elle peut créer des diplômes d'établissements, éventuellement avec des frais d'inscription comme le fait Sciences-Po", a précisé la ministre. Elle a souligné également que le projet de Paris-Dauphine comportait une "forte connotation sociale" avec l'exonération des boursiers et la progressivité des frais en fonction des revenus.

    Source : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/02/02/01011-20100202FILWWW00438-dauphine-pecresse-verifie-la-legalite.php


  • Enseignement . Retour sur les circonvolutions linguistiques ministérielles.

    Comment trouver les mots pour ne pas le dire… Deux ministres - Xavier Darcos à l’Education nationale et Valérie Pécresse à l’Enseignement supérieur - viennent de se livrer à l’exercice : contraints de suspendre leur réforme, ils ont tenté de faire croire qu’ils ne reculaient pas, tout en reculant. La palme de la tergiversation revient à Valérie Pécresse. Elle s’est battue jusqu’au bout à coup de circonvolutions, avant d’avouer, vendredi, que son décret sur le statut des enseignants-chercheurs serait tout bonnement «réécrit».

    «Conservatismes». Les temps sont durs pour les ministres zélés. Chacun dans leur style - pressé et parfois brutal pour Xavier Darcos, pressé mais plus policé pour Valérie Pécresse -, tous deux ont voulu mettre en œuvre au plus vite les réformes voulues par Nicolas Sarkozy. Certaines sont passées, non sans mal. Mais d’autres ont buté face aux protestations. Et ce n’est pas facile d’avouer que l’on doit céder lorsque l’on est sûr d’avoir raison face aux «conservatismes» (Xavier Darcos) ou convaincue de «moderniser» une université abandonnée depuis vingt ans (Valérie Pécresse).

    «Charte». La ministre de l’Enseignement supérieur a mis un certain temps à mesurer l’ampleur de la contestation. Alors que la grève s’étend en janvier dans les universités, elle ne parle que de «donner des garanties» et de «rassurer» les enseignants-chercheurs. «Le retrait du texte [réformant leur statut] serait un recul considérable», assène-t-elle encore le 3 février.

    Au mieux, elle concède qu’il faudrait mettre au point une «charte de bonne application» avec les présidents d’université. Le but étant toujours de «rassurer» les enseignants-chercheurs qui s’inquiètent de leur toute puissance.

    Mais des dizaines de milliers d’universitaires défilent dans toute la France. La ministre parle alors de «réexaminer» ou de «retravailler» le texte. Le 9 février, elle nomme une médiatrice, Claire Bazy-Malaurie. «Il me revient d’essayer de construire un texte nouveau qui sera probablement quand même sur les bases du texte actuel, avec des aménagements», déclare la médiatrice le 11 février en lançant sa mission. Le texte est de facto enterré. Mais l’heure n’est pas encore à la transparence.

    «Caduc». Le 15 février, Valérie Pécresse atteint des sommets rhétoriques. Le Snesup-FSU, premier syndicat du supérieur, lui a demandé de déclarer son texte «caduc». Interrogée sur radio J, elle répond : «Il est remis sur le métier. Mais il n’est pas caduc car il n’existait pas.» Elle s’accroche encore à ses «principes fondateurs». Le 25 février, pressé d’en finir, François Fillon porte l’estocade linguistique. Il annonce l’arrêt des suppressions de postes à l’université en 2010 et 2011 et demande que le décret soit «entièrement réécrit». Pécresse rend alors les armes.

    Xavier Darcos a été plus expéditif. Le 15 décembre 2008, lorsqu’il annonce la suspension de sa réforme du lycée, il cherche à sauver la face : il affirme vouloir «laisser plus de temps pour sa mise en œuvre» et «retrouver un consensus».

    «A zéro». Mais il lui faut ramener le calme dans les lycées. Et ça ne suffit pas. Alors le lendemain, il n’a plus ces pudeurs : «Nous allons repartir à zéro, nous ne ferons pas cette réforme sans la jeunesse.» Mais pour lui, c’est plus facile. D’abord il assure que «c’est reculer pour mieux sauter». Entendez : il fallait sacrifier momentanément la réforme pour mieux la sauver. Ensuite, il explique que ce n’est pas elle qui coince mais le «malaise de la jeunesse». Enfin, il reste dans les petits papiers de Nicolas Sarkozy qui lui donne du «Xavier» à tour de bras. Ce qui vaut bien d’avaler quelques couleuvres.

    Source : http://www.liberation.fr/education/0109472562-reformes-darcos-et-pecresse-le-recul-mot-a-mot


  • La FSU, premier syndicat de la fonction publique d'Etat, appelle les personnels de l'éducation à se mobiliser en janvier contre la politique du gouvernement.

    Elle leur demande lundi de "participer massivement" à des actions dans les collèges et lycées, ainsi qu'à la journée de grève et manifestation prévue le 21 janvier dans la fonction publique et à une manifestation pour l'Education le 30 janvier.

    Dans un communiqué, le syndicat évoque ses griefs, au premier rang desquels les suppressions de postes. Quelque 16.000 suppressions sont prévues en 2010 dans l'Education sur un total de 33.800 pour l'ensemble de la fonction publique d'Etat.

    La FSU demande également l'abandon de la réforme de la formation des maîtres, de celles portant sur les lycées et de la suppression des cartes scolaire et universitaire.

    Elle souhaite "l'arrêt de la déstructuration du service public d'Enseignement supérieur et de Recherche" et prône "une véritable politique de l'éducation prioritaire qui assure partout le droit à une éducation de qualité et à la réussite".

    Elle appelle aussi à la mobilisation "pour la revalorisation de l'ensemble de nos métiers, la requalification des emplois, la défense de nos statuts, la résorption de la précarité".

    Source : http://www.lepoint.fr/actualites/2010-01-04/appel-a-la-mobilisation-dans-l-education-en-janvier-en-france/1037/0/410274


  • Prof agrégé, Éric Godelier a été rayé des listes d’experts de l’Éducation nationale sur ordre du cabinet de Luc Chatel.

    Chacun le sait : la liberté d’expression n’est pas le sport favori du régime en place. Procès en rafale pour « atteinte » à l’image présidentielle, préfet muté pour n’avoir pas su faire taire des syndicalistes au passage de Nicolas Sarkozy, appel à un « droit de réserve » pour les écrivains jugés trop critiques… On ne compte plus les velléités du pouvoir pour museler toute forme de contestation. À cette longue chronique inachevée, le ministre Luc Chatel vient d’ajouter une nouvelle page des plus pathétiques. La « victime » ? Éric Godelier, président du département des « humanités et sciences sociales » de l’École polytechnique. Comme l’a révélé hier le site Internet de l’hebdomadaire Marianne, ce professeur agrégé des universités a été rayé de la liste des experts chargés par l’éducation nationale de réfléchir à la réforme des enseignements d’économie et de gestion au lycée. Sa faute ? Avoir signé la pétition contre la suppression des cours d’histoire-géographie en terminale S… Début décembre, Éric Godelier avait pourtant été sollicité en bonne et due forme, comme régulièrement ces dernières années, par l’inspection générale qui organise et pilote ce genre d’expertise. « Elle m’a proposé de participer à un groupe de quatre experts chargés de faire des propositions de réforme pour le mois de janvier. La première réunion était fixée au 14 décembre. » Il ne la verra jamais. Le vendredi 11 décembre, Éric Godelier reçoit un coup de fil embarrassé de l’inspection générale. « Elle m’informe que le cabinet de monsieur le ministre Luc Chatel, ayant vu mon nom sur la liste des signataires de la pétition, demande que je sois exclu du groupe d’experts. Elle m’explique aussi que le cabinet reprend en main le pilotage du groupe d’experts et a décidé de nommer un de mes collègues pour me remplacer. » Fermez le ban. Contacté hier après-midi, le cabinet de Luc Chatel n’a pas trouvé le temps de nous répondre. Qu’importe, face à cette censure à la fois puérile et politique, Éric Godelier refuse de se lancer dans une quelconque polémique. Mais il ne veut pas, non plus, taire cette mésaventure hautement symbolique. « Mon cas particulier n’a aucune importance en soi. Le problème, explique-t-il, c’est que cette histoire s’inscrit sur une liste assez longue et significative pour en devenir préoccupante. On peut voir dans mon affaire une forme d’autoritarisme, se substituant à la démocratie universitaire et à la liberté intellectuelle qui traditionnellement y prévaut. » Ironie du sort : il y a un an, dans cette même École polytechnique, peu après que son service d’ordre eut évacué les pancartes des enseignants-chercheurs en grève, Nicolas Sarkozy avait prononcé un discours exaltant la… diversité.

    Source : http://www.humanite.fr/2009-12-17_Societe_Evince-pour-avoir-signe-la-petition-sur-l-histoire-geo


  • Le fun des manifs et grèves, désormais passé du côté des collectifs sociaux comme Génération précaire, est en perte de vitesse à la fac.

    Curieux paradoxe: Juliette est en sociologie politique, étudie les mouvements sociaux à Paris XIII et ses profs sont plutôt «au taquet» quand il s'agit de monter au créneau contre la LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des Universités). Le mouvement étudiant? Elle s'en tape. Ses copines aussi. D'autres personnes, croisées ici ou là, tout autant. Des jeunes encore assis sur les bancs de la fac. Pourtant en tous points conformes au portrait-robot de l'étudiant engagé. Habillés à la cool, projetant de travailler dans l'enseignement, l'associatif ou l'humanitaire. Politiquement à gauche de l'échiquier politique, voire à la gauche de la gauche... Et quand venait le moment d'aborder leur mobilisation à la fac, la sentence tombait: «Les grèves, j'en ai marre»... «Je supporte plus les AG, ni les gens qui descendent dans la rue scander des trucs qu'ils comprennent même pas». Bref, un discours digne d'un militant de l'UNI, le syndicat très orienté à droite, qu'on aurait interrogé au journal de 20 heures un jour de blocage de fac. Un comble.

    Un jeune sur deux n'a jamais mis les pieds dans une manif

    Chez Slate, on s'est demandé récemment s'il n'y avait-il pas quelque rite de passage, quelque attitude réflexe imposant au jeune fraîchement bachelier de se mobiliser? De bomber le torse et de hausser le ton pour s'insurger contre la casse généralisée du service public, la privation rampante de l'Université ou la mise à mort de l'égalité des chances? Bref, s'il fallait faire la grève pour être considéré comme un VRAI étudiant...

    Le baromètre étudiant de l'Ifop de mars 2009 indique qu'ils se déclarent à 61% prêts à faire la grève (mais ce n'est qu'une déclaration d'intention). Dans les faits, les chercheurs estiment qu'un jeune sur deux a déjà participé à une manifestation. Un constat en général positivement interprété comme la preuve d'un engagement important. Pourtant, cette répartition indique aussi qu'un jeune sur deux n'a JAMAIS mis les pieds dans une manif... Et chez les étudiants, une bonne moitié de la fac reste en marge de tous les mouvements. Par apolitisme ou par indifférence, par manque de temps ou simplement par flemme... Mais aussi souvent par lassitude vis-à-vis d'une agitation un peu routinière et à l'efficacité limitée (un syndicaliste résumait ainsi l'état d'esprit actuel: «Avec la LRU, on a perdu deux fois, en 2007 et en 2009»).

    Des étudiants et des clichés

    Pour comprendre comment les étudiants perçoivent les mouvements qui agitent les facs il faut déjà savoir à quoi ils ressemblent vraiment. Or quand je lui ai fait part de mon projet d'article, un de mes amis m'a répondu: «Tu travailles sur les étudiants grévistes, tu veux dire ces filles qui portent un keffieh même au mois d'août?» Bonjour le cliché! Il n'est pas le seul. La photo du bandeau de la page d'accueil du site officiel et pédagogique consacré à la «Nouvelle Université» est assez révélatrice de l'idée totalement à côté de la plaque qu'on se fait au ministère de ce qu'est un étudiant! On croit rêver: entre Beverly Hills et Hélène et les Garçons, le casting effectué laisse franchement songeur et donne du crédit aux fantasmes d'une fac privée hyper sélective ressemblant plus à un campus californien qu'à une fac française.

    Or l'étudiant moyen ne ressemble ni à cette caricature publicitaire du djeuns cool et apolitique, ni au protestataire enragé que se représentent parfois ceux qui n'ont jamais mis les pieds sur les bancs de la fac. L'étudiant moyen, c'est celui qui n'est ni devant en amphi, ni tout à l'arrière du côté des jeunes rebelles. Qui ne va pas à toutes les AG, mais ne pense pas uniquement que la grève équivaut à trois semaines de vacances. Qui n'a pas eu de parents syndicalistes ou encartés dans un parti, mais pas non plus des géniteurs avachis devant leur télé et gavés de programmes de télé-réalité. Qui est plutôt à gauche (l'effet de l'âge joue aussi, 58% des 18-24 ans ayant voté Royal au deuxième tour en 2007) mais ne s'interdit pas de penser en dehors des carcans idéologiques quand on lui en donne l'occasion.

    Un type de jeune qui peut constituer le gros du cortège, entre les syndicalistes étudiants du devant et les «totos» qui ferment le rang et cherchent à en découdre avec les forces de l'ordre. Mais qui peut aussi rester sur le côté, voire se plaindre des mobilisations dans les facs...

    En fait, soutenir aujourd'hui qu'il existe une communauté étudiante pose problème. La massification de l'enseignement supérieur a eu pour effet d'atomiser les étudiants, et la vie sociale très intense des écoles et des filières sélectives (soirées d'intégration, associations et BDE très actifs) a peu à voir avec l'encadrement très lâche de l'étudiant de fac de sciences ou de lettres/sciences humaines. Il en résulte un certain flou identitaire propre à cette période de la vie. «Le statut d'étudiant ne fait plus sens» écrivaient déjà, en 1992, Didier Lapeyronnie et Jean-Louis Marie dans Campus Blues.

    Le blues étudiant

    Ne nous méprenons pas: les jeunes étudiants ne sont dans l'ensemble ni de fervents sympathisants du gouvernement Fillon, ni des admirateurs secrets de Pécresse et de Sarkozy. Loin de là! Simplement les manifs les ennuient, les blocages les énervent et les discours militants les blasent. Sur les campus, on entend ça partout: oui, les combats étudiants sont idéologiquement justes. Mais non, je n'ai pas envie d'aller manifester une énième fois. Ce que résume un étudiant de la Sorbonne: «A force, on finit par se tirer une balle dans le pied. Je préférerais un vrai gros mouvement tous les dix ans, quitte à y laisser un semestre ou une année, plutôt que d'essayer de rejouer 68 tous les deux ans».

    S'ajoute à cela une profonde ambiguïté que relève la sociologue Anne Muxel (du Cevipof, le centre de recherches en sciences politiques de Sciences-Po): tout en sachant que l'Université a besoin d'évoluer, les étudiants restent attachés à la protection des principes qui la régissent, comme l'égalité des chances et l'absence de sélection à l'entrée. Conservateur et frondeur, politiquement passionné mais profondément pessimiste, l'étudiant (moyen) serait-il au final un Français (moyen) comme les autres?

    Source : http://www.slate.fr/story/14113/etudiants-manifs-greves-aiment-ils-vraiment-manifester





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