• Des « filières sélectives » pour relancer l'université

    «Il est temps de rompre avec cette logique absurde des « filières généralistes », d'un enseignement de masse indifférencié qui débouche sur un gâchis considérable pour les étudiants. » Albert Marouani persiste et signe. Dans un long e-mail adressé aux 28 000 âmes de l'université de Nice-Sophia Antipolis, son président évoque ce pavé qu'il a jeté dans la mare universitaire, lors de sa conférence de presse de rentrée. Pavé qui a fait des remous depuis...

    Imaginons. Septembre 2010. Son bac tout frais en poche, Kevin veut apprendre les maths à l'université Nice. Deux portes s'offrent à lui. L'une pour la fac, au sens classique du terme, généraliste et accessible à tous. L'autre pour des « filières sélectives », des groupes de 20-30 élèves avec plus de cours, plus d'encadrement, recrutant sur dossier la crème des bacheliers. Une Ligue des champions à la fac.

    À tous niveaux

    Telle est l'intention d'Albert Marouani. Réforme mineure, soutient l'intéressé. Mais révolution pour l'enseignement supérieur dans les Alpes-Maritimes. Aussi, Albert Marouani, échaudé par l'accueil réservé à son annonce, veut-il parer à tout malentendu.

    « Il ne s'agit pas de parler de sélection, nous précise-t-il, mais de différencier l'accueil en 1re année. On offre déjà un accompagnement renforcé aux étudiants en difficulté. On envisage d'accueillir des élèves sans le bac. Quant aux filières sélectives - qui toucheraient un très petit nombre d'étudiants -, elles permettraient une articulation entre université et grandes écoles. »

    Des classes prépas made in fac, donc, à même de concurrencer celles qui « pillent » les bons élèves. En redorant le blason de l'université de Nice, en « n'étant plus un second choix », son président espère doper ses effectifs (26 000 étudiants l'an dernier), même si la tendance semble à la reprise (400 inscrits de plus à ce stade).

    « On assume »

    « Nous sommes opposés à la sélection, au sens où ça empêche les étudiants de rentrer à l'université. Au contraire, on veut qu'ils y soient plus nombreux ! », s'exclame Jean-Yves Boursier, doyen de la fac de lettres.

    Du reste, comme le fait remarquer Albert Marouani, cette sélection existe déjà. Une sélection par l'échec, dès le passage en 2e année. Oui mais : en créant des filières d'excellence, l'université risque d'offrir une image à deux vitesses. « C'est possible, rétorque Albert Marouani. Mais c'est pas grave. On assume. »

    Encore faudra-t-il débattre au sein des instances universitaires. Puis convaincre étudiants et enseignants du bien-fondé des filières sélectives. Or, le temps presse, selon Albert Marouani. « Le marché de la formation supérieure va exploser. Il faut tirer l'université vers le haut. Rien n'est pire que de maintenir le statu quo dans une situation aussi catastrophique. »

     

    Source : http://www.nicematin.com/ra/nice/217401/nice-des-filieres-selectives-pour-relancer-l-universite


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