• Dossier du JDD consacré à la crise universitaire

    Voici un petit florilège:

    Dans l'article intitulé «Deux ministres sur la brèche»,  on lit notamment un aveu qui en dit long: «Le ministre a récemment confié à des proches son sentiment d'être lâché par l'Elysée qui envisagerait de faire de l'ancien maire de Périgueux la tête de liste (UMP) dans le Sud-Ouest aux régionales de 2010. Tête de liste aux régionales, Valérie Pécresse le sera, elle, à coup sûr en Ile-de-France. Autre point commun avec Xavier Darcos, la ministre de l'Enseignement supérieur connaît, avec le conflit à l'université, une crise qu'elle a sans doute sous-estimée. Ce qu'infirme son entourage, qui insiste sur un point: "Nous n'avons pas reculé. Nous n'avons pas retiré mais seulement modifié le décret sur les enseignants-chercheurs, qui a été publié au Journal officiel samedi dernier." Soucieuse, selon un de ses visiteurs, d'échapper au "syndrome Darcos", la ministre n'a certes pas retiré son projet de loi. Mais cette première grande réforme du quinquennat (dite loi sur l'autonomie des universités) a du mal à passer.»

    À lire l'article intitulé «L'université au bord du K.O.», on a l'impression que la recherche est une discipline sportive, où seul compte qui arrive en premier. Malheureusement il y a Marc Fumaroli, un gauchiste invétéré, comme tout le monde sait, pour dire que les choses ne sont peut-être pas si simples: «Joint par le JDD, l'historien Marc Fumaroli, élu à l'Académie française et ancien professeur au Collège de France, s'insurge contre cette vision utilitariste: "L'université est un endroit où l'on se consacre pendant un certain temps à apprendre des choses qui seront utiles pour toute une vie. C'est un lieu qui a ses lois propres et qu'on ne doit pas aligner sur le monde des affaires ou de l'économie. On doit y vivre une vie un peu amphibie, une sorte de retraite dans le sens religieux du terme. Le modèle français, avec son légendaire Quartier latin ou ses facs de centre-ville avec leur cortège de librairies, de cinémas, de cafés, était un bon système. Il est faux de croire que la faculté doive apprendre un métier aux étudiants. Ceux qui sont en droit l'apprennent, certes, ainsi que bien d'autres choses qui leur serviront dans la vie..."».

    Or, de toute évidence, il y a des Immortel-le-s qui ne sont pas de cet avis, à commencer par Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française, dans une longue interview intitulée «On sacrifie une génération…»: «Je suis déconcertée par ce qui se passe. C'est un véritable drame. D'habitude, tout se calme aux vacances de Pâques parce que les syndicats étudiants ont l'intelligence d'arrêter pour sauver les diplômes. Là, il semble y avoir une sorte de dynamique infernale qui échappe à tout le monde. […] Mai-68, c'était différent. C'était un mouvement général, pas seulement étudiant, et tout le monde savait qu'à la rentrée suivante, tout rentrerait dans l'ordre.. Aujourd'hui, je vois des étudiants malheureux, désemparés, tous seuls dans leur coin, essayant de travailler mais ne sachant pas comment sauver leur année. C'est la première fois, je crois, que nous sommes face à un phénomène véritablement anarchique. J'ai peur que l'on soit en train de sacrifier une génération.» À la question «Quel rôle jouent les professeurs dans cette crise?», Mme Carrère d'Encausse réplique: «Là non plus je ne comprends pas très bien. Nous avons en France, il faut le dire, un corps enseignant remarquable. Mais personne ne semble plus tenir les fils de cette affaire. Nous sommes face à un problème de système. On a une université qui a l'air de se décomposer alors que les professeurs sont de qualité et que les étudiants veulent aller au bout de leur cursus. Il faut d'urgence un sursaut!»

    À lire aussi, une interview avec Michel Serres, et deux articles («La Sorbonne boudée par les futurs étudiants» et «Le doute plane sur les examens»).


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