• Le triplement des frais universitaires en Angleterre n’a pas réduit les effectifs

    Le nombre d’inscriptions dans les universités britanniques pour la rentrée 2007 a connu une hausse de 6,4%, dont une croissance de 7,2% enregistrée par les seules universités anglaises, selon des chiffres officiels quasiment définitifs. Et ce, malgré l’introduction l’an passé des « top-up fees » qui ont permis aux universités anglaises et d’Irlande du Nord de tripler leurs frais d’inscription. C’est un bon point pour le gouvernement travailliste. De nombreuses questions subsistent toutefois, notamment sur l’impact que ces frais élevés peuvent avoir sur les choix d’orientation des étudiants.

    L’UCAS (Universities and Colleges Admissions Service), le service en charge des candidatures dans les universités pour tout le Royaume-Uni, a fait savoir le 14 février dernier que 395 307 étudiants s’étaient inscrits pour la prochaine rentrée (1), soit 23 624 étudiants de plus qu’en 2006 (y compris les étudiants étrangers). Il semblerait ainsi que la réforme controversée dite des « top-up fees », qui a autorisé en septembre 2006 les universités anglaises à tripler leurs frais d’inscription, n’ait pas découragé les étudiants.

    Des premiers chiffres encourageants

    Anthony McClaran, le directeur général de l’UCAS, estime que « ces chiffres sont encourageants pour ceux qui pensent que le développement de l’éducation supérieure est positif sur le plan personnel, mais aussi pour notre société dans son ensemble. Non seulement la baisse du nombre de candidatures enregistrée l’année dernière a été stoppée, mais le nombre des candidatures est encore plus élevé qu’en 2005, une année pourtant record ». De son côté, le ministre de l’Education, Bill Rammel, souligne que «ce nombre d’inscriptions record montre que les frais de scolarité ne dissuadent pas les étudiants de s’inscrire à l’université comme beaucoup le craignaient».
    Le gouvernement britannique explique notamment cette hausse des effectifs par le fait que depuis septembre 2006 les étudiants ne payent plus leurs frais d’inscription en amont de leurs études, mais une fois leur cursus achevé (2).

    Des inquiétudes demeurent

    Cette tendance, certes favorable, reste à confirmer durant les prochaines années. Stephen Williams, le porte-parole libéral-démocrate de l’éducation, explique : « Nous avons besoin d’analyser les données démographiques de ces candidats avant de conclure que les « top-up fees » ne dissuadent pas les jeunes de milieux plus défavorisés de s’inscrire ». Une inquiétude partagée par James Allen, le président du syndicat étudiant de University of the Arts London : « il existe un système de bourses qui n’est pas toujours évident à comprendre ».

    Autre inquiétude majeure : l’impact de l’augmentation des frais de scolarité sur le choix des matières par les étudiants. « Il serait dramatique que des matières telles que l’archéologie ou l’astronomie ne soient plus étudiées parce qu’elles seraient jugées économiquement non rentables face aux importants frais de scolarité demandés », estime Stephen Williams. La possibilité de la suppression en 2010 du plafond fixé actuellement à 3000 livres (environ 4400 euros) alarme également les syndicats étudiants, comme en témoigne James Allen : « Si le plafond est retiré, les étudiants de University of the Arts pourraient se retrouver à payer jusqu'à 11 000 livres par an, si l’on se base sur la réputation de l’école. Or, il est déjà assez difficile de trouver du travail à la sortie de l’école sans avoir, en plus, à rembourser de telles dettes ».

    NB :

    (1) Les inscriptions sont closes dans presque toutes les filières dès le 15 janvier.
    (2) Comment les nouveaux frais d’inscription fonctionnent-ils ?

    Avant l’introduction de la réforme sur les frais universitaires, la plupart des étudiants britanniques (hormis les étudiants écossais poursuivant leurs études en Ecosse) payaient des frais de scolarité qui pouvaient s’élever jusqu’à un maximum de 1 250 livres sterling (environ 1830 euros), en fonction du salaire de leurs parents. Mais depuis septembre 2006, les universités anglaises et d’Irlande du Nord ont la possibilité d’appliquer des frais de scolarité pouvant aller jusqu’à 3000 livres sterling (environ 4 400 euros). A ce jour, la plupart des universités ont opté pour le plafond maximum, lequel devrait rester un maximum au moins jusqu’à 2010. Une commission indépendante sera alors invitée à faire un rapport au Parlement pour décider de lever ou non le plafond.
    Dans le même temps, les étudiants n’ont plus à payer leurs frais universitaires avant ou pendant leurs études. Ils peuvent, à la place, emprunter le montant nécessaire couvrant leurs frais de scolarité auprès de la Student Loans Company (SLC), un organisme gouvernemental qui s’occupe de reverser directement la somme à l’université concernée. Le taux d’emprunt est relativement bas (aligné sur l’inflation) et les diplômés commencent à rembourser la somme due que lorsque leur salaire dépasse 15 000 livres par an (environ 22 000 euros par an), à hauteur de 9% du montant de leur salaire (soit, par exemple, 165 euros par mois pour un diplômé qui gagnerait 22 000 euros par an). En échange de cette nouvelle source de revenus, les universités doivent consacrer une part plus importante de leurs ressources à la distribution de bourses, attribuées sur critères sociaux.


    Nadège Druzkowski

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