• Le Vatican pourra viser des diplômes universitaires

    Le monopole de l'université publique sur la délivrance des titres universitaires est en train de craquer, et la guerre scolaire pourrait se ranimer.

    C'est la conséquence directe du décret paru au Journal officiel du 19 avril 2009, qui rend applicable l'accord signé le 18 décembre 2008 entre Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, et le Vatican : par cet accord, la France s'engage à reconnaître les diplômes délivrés par "les universités catholiques, les facultés ecclésiastiques et les établissements d'enseignement supérieurs dûment habilités par le Saint-Siège". Depuis, le camp laïque fourbit ses armes. Un Collectif pour la promotion de la laïcité, récemment créé, vient de lancer une pétition et prépare un recours devant le Conseil d'Etat.

    L'accord entre la France et le Saint-Siège a deux facettes. Côté pile, il s'inscrit dans le processus de Bologne, qui vise à construire un espace européen de l'enseignement supérieur avant 2010. Dans ce cadre, les 46 pays signataires reconnaissent les diplômes délivrés par leurs voisins, ce qui permet aux étudiants de commencer un cursus dans un pays et de le continuer ailleurs. Cette vitrine permet au ministère de l'enseignement supérieur d'assurer que "tout cela n'est que du très classique puisque nous sommes dans le cadre du processus de Bologne de reconnaissance des diplômes".

    Mais, côté face, les implications de l'accord dépassent la construction de l'Europe des savoirs. Car le Vatican va pouvoir viser des diplômes des instituts catholiques, alors qu'en France l'Etat, par l'intermédiaire de l'université publique, a le monopole de la délivrance des diplômes.

    Cinq instituts supérieurs d'enseignement catholiques, les "cathos", créés par l'Eglise à la fin du XIXe siècle à Paris, Angers, Lille, Lyon et Toulouse, proposent des formations en lettres, en économie, ou en mathématiques aux côtés de leurs diplômes de théologie. Au total, 65 000 étudiants y sont inscrits dont la majorité suit un cursus profane, et payant.

    Les "cathos" n'ont pas le droit de délivrer des diplômes universitaires. Elles passent des conventions avec l'université publique voisine, qui valide les formations et délivre le diplôme en son nom. S'il n'y a pas eu de convention, elles demandent au recteur d'académie d'organiser un jury d'Etat chargé d'évaluer leurs candidats.

    Pour lire la suite: http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/11/le-vatican-pourra-viser-des-diplomes-universitaires_1191470_3224.html#ens_id=1191564


    Tags Tags : , , , ,