• Mastérisation : les présidents d'Université contre le projet Pécresse/Chatel

    Alors que de premiers signes de mobilisation se font sentir, la Conférence des Présidents d'Université (CPU) vient de publier un communiqué dans lequel elle exprime «son désaccord avec les propositions formulées par les ministres» Valérie Pécresse et Luc Chatel.

    Déjà, le thème de la réforme de la formation et du recrutement (mastérisation) des enseignants avait fait partie des raisons de la journée de mobilisation du 24 novembre. Le sujet était au coeur d'une A-G à Lille. Les deux ministres ont «choisi la pire des solutions», avais-je écrit sur ce blog. Un avis largement partagé par un front syndical. Les présidents d'université étaient au pied du mur, ils viennent de manifester clairement que si cette réforme est imposée par le gouvernement cela sera contre l'avis d'une très large majorité de la communauté scientifique, universitaire et éducative. Sauvons l'Université a d'ailleurs publié un «Appel à ne pas appliquer la réforme».

    Voici le communiqué de la CPU (les mots en gras le sont dans le texte d'origine) : 

    «Lors de sa réunion plénière du 19 novembre, la CPU, à l'unanimité de ses membres, a exprimé son désaccord avec les propositions formulées par les deux ministres, considérant qu'elles ne permettraient pas d'atteindre les objectifs visés : améliorer la formation des futurs enseignants et leur niveau de recrutement, au service d'une école de qualité et de la réussite des élèves.

     

    Les propositions formulées par les deux ministres mettent en évidence un malentendu profond sur ce que sont des masters : à savoir des parcours universitaires de spécialisation de quatre semestres, adossés à la recherche, avec des modes de fonctionnement et des calendriers adaptés aux enjeux professionnels de formation et aux standards européens.


    De même, ces propositions traduisent une méconnaissance de la réalité des parcours étudiants, des difficultés de réorientation en cours de cursus et du risque d'accroissement de la durée des études  induit par ces propositions.

    Enfin la CPU ne comprend pas que cette réforme ne soit pas l'occasion de définir un modèle de formation des maîtres scientifiquement et pédagogiquement amélioré et novateur, s'inspirant des modèles les plus avancés au niveau européen. Car in fine, les enjeux de la formation des enseignants sont d'abord ceux des élèves des écoles, des collèges et des lycées qu'il faut faire réussir en plus grand nombre et à qui il faut donner ou redonner le plaisir et le goût d'apprendre et de réussir.

    C'est pourquoi, engagées dans la formation des enseignants depuis de longues années, les universités et leurs composantes entendent assumer pleinement leur responsabilité majeure pour mettre en place des cursus universitaires de qualité et cohérent.

    En conséquence, la CPU attend des évolutions sur ce dossier et revendique d'être consultée et associée à la définition du cadrage national des masters et aux maquettes des concours.»

    J'ajoute le texte suivant, qui peut sembler redondant, mais qui est celui de la motion votée en assemblée pleinière par les présidents. Il est légèrement différent, aux exégètes d'examiner si ces différences ont une signification autre que de forme.

    «La CPU ne peut pas accepter les propositions arrêtées par les ministres de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche sur la mise en oeuvre de la réforme de la formation des enseignants.

    Telle quelle, la réforme n’est pas à la hauteur des enjeux et ne permettra pas d’atteindre les objectifs qu’elle se donne : améliorer la formation des futurs enseignants en élevant leur niveau de recrutement au niveau du master.

    Les propositions formulées mettent en évidence un malentendu profond sur la mastérisation et une méconnaissance de la réalité des cursus universitaires et des parcours étudiants. Alors que la réforme doit permettre de proposer aux futurs enseignants une formation intégrée et cohérente, les propositions dessinent un schéma de formation incohérent et composite. De plus ces propositions semblent ignorer la logique des masters, cursus universitaires de spécialisation, adossés à la recherche avec des modes de fonctionnement et des calendriers adaptés aux enjeux de formation et aux standards européens et des modèles de formation professionnelle référencés. De même, elles ne prennent pas en compte les étudiants, les difficultés de réorientation en cours de cursus et le risque d’accroissement de la durée des études.

    Pour la CPU, cette réforme qui constitue un enjeu déterminant pour l’avenir de la société et des étudiants, doit apporter une réelle amélioration de la formation des futurs enseignants et comporter une dimension intrinsèquement universitaire articulant exigences scientifiques et professionnalisation. C’est dans cet esprit que les conférences universitaires ont apporté en juillet 2009 une contribution approfondie qui émanait de l’ensemble de la communauté universitaire et dessine une position constructive et des propositions sérieuses pour une réforme réussie de la formation des enseignants. Alors que cette contribution constitue une base de réflexion légitime pour réussir une réforme ambitieuse et indispensable, les propositions formulées par les deux ministères semblent ignorer cette contribution voire sur plusieurs points en prendre le contre-pied.

    La CPU considère qu’il est indispensable que les ministères reviennent sur les schémas actuellement proposés.

    Texte voté à l’unanimité.


    Source : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/11/mastérisation-les-présidents-duniversité-contre-le-projet-pécressechatel.html


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