• Université. Cette réforme n’aura pas lieu

    Par David Berrué, étudiant, Germaine Depierre, chercheure, Pascal Levy, BIATOSS, Christophe Mileschi enseignant-chercheur, Patricia Tutoy, enseignante, Léa Valette, doctorante, porte-parole de la Coordination nationale des universités.

    Voilà huit semaines que l’université et la recherche françaises se sont arrêtées. Peu ou pas d’enseignements, des manifestations par dizaines, des établissements occupés ou bloqués, des responsables qui démissionnent, des rondes d’obstinés qui marchent sur les parvis, des cours hors les murs… Huit semaines d’inventions, de revendications et de mobilisation au cours desquelles Xavier Darcos et Valérie Pécresse ont choisi de ne rien entendre. Leur combat est perdu d’avance : on ne peut imposer une réforme sans l’assentiment de ceux chargés de la mettre en oeuvre. Cette réforme, parce qu’elle est inutile et dangereuse, parce qu’elle fait l’unanimité contre elle, ne pourra pas s’appliquer. Elle n’aura pas lieu.

    Les universitaires en grève ? Ritournelle de printemps, que le public voit d’un oeil parfois lointain. Mais le mouvement en cours est inédit : parti des enseignants-chercheurs, il s’est étendu aux étudiants, aux autres personnels, et il ne fléchit pas. Il voit même se développer des signes de contagion dans le secondaire, le primaire, auprès des parents d’élèves, le tout alimenté par les autres secteurs en ébullition (hôpitaux, justice, transports, etc.). Le mois d’avril est déjà là et avec lui une perspective difficile à éluder : la France se prépare un printemps chaud. Et dans nombre de facs, le second semestre est compromis, au grand dam des étudiants et de leurs professeurs.

    Xavier Darcos et Valérie Pécresse sont responsables du plus long mouvement de protestation qu’ait connu l’université depuis 1968. Arc-boutés sur les termes d’une réforme bâclée, ils n’ont rien écouté, rien compris, ni les avertissements nombreux avant la grève, ni la voix de toute une profession unanime, ni même les alertes issues de leur propre camp. Ils se livrent à de minuscules batailles, dénaturant des textes déjà passablement confus, résistant sur des broutilles et s’accrochant à des formulations incantatoires. Cette intransigeance, que l’on devine idéologique, empêche les universitaires de travailler et compromet les études de centaines de milliers d’étudiants. Et plus le temps passe, plus la communauté universitaire, mesurant les sacrifices faits depuis deux mois, se montre intraitable sur ce qu’elle demande depuis le début, sur tous les tons : le retrait pur et simple de réformes qui consacrent le dévoiement de l’enseignement supérieur et de la recherche.

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