• Audience correctionnelle du 9 septembre, 24° chambre du tribunal de Paris

    Clément Onimus est un petit homme de corpulence plutôt chêtive. Costume noir, chemise blanche, cheveux sagement peignés sur le côté, cet agrégé d'histoire enseignant à Paris IV comparaît pour violences aggravées sur CRS avec arme par destination : une bouteille de vin blanc.

    L'affaire remonte au 26 mars dernier, lors d'une manifestation d'enseignants devant la Sorbonne. "Un groupe de cing individus monte sur une colonnnade, l'un porte une bouteille de vin et la projette sur les fonctionnaires", lit le président. L'un des CRS parvient à "protéger ses collègues à l'aide de son bouclier". Personne n'est blessé. Pas même touché. Les policiers ont malgré tout repéré l'individu : "Il est porteur d'une capuche, d'un blouson noir et d'un foulard bandana cachant son visage. Il change continuellement de place au sein de la foule, mais nous ne le perdons de vue à aucun moment." Entre le lancer de bouteille et l'interpellation de Clément s'écoulent ainsi plus de deux heures. Mais "à aucun moment", ils ne lâchent le suspect des yeux.

    Palpé, interpellé, gardé à vue pendant vingt-quatre heures, le lanceur de bouteille, c'est lui, Clément Onimus, le prof de fac. Dans son PV, le policier accusateur (et absent à l'audience) est 100% affirmatif. Or Clément ne porte ni foulard, ni capuche, ni blouson noir : "La police a dû faire une erreur", ose le prévenu sur le ton de celui qui ne veut pas déranger. Des photographies de la manifestation attestent de la tenue vestimentaire du prévenu ce jour J : un jean et une veste de cuir tachée de rouge. L'individu à la capuche apparaît même sur l'une des photos aux côtés de Clément Onimus. Deux silhouettes radicalement différentes. Le procureur lui-même requiert la relaxe. Pour la défense, maître Tricaud fait mine de s'étonner : "Une relaxe ? Mais cela signifierait qu'un policier a clairement tenté de faire condamner un innocent. Ce serait très préoccupant." Clément est effectivement relaxé. Vous avez dit "préoccupant" ?

    Source : Siné Hebdo du 16 septembre (n°54)


  • La démarche est menée en toute discrétion. Depuis la rentrée scolaire, quelque 123 lycées expérimentent le projet de réforme du lycée de l'ancien ministre de l'Education nationale Xavier Darcos, qui avait pourtant été enterré à l'automne 2008 devant la fronde enseignante et lycéenne. Ceci alors même que l'actuel ministre Luc Chatel doit annoncer, d'ici à la fin du mois de septembre, sa propre réforme, qui sera appliquée dès la rentrée 2010. « Certains établissements étaient déçus de cette remise à plat. Nous avons voulu leur laisser la possibilité de développer leurs projets »,explique-t-on au ministère. Pour mener à bien leurs projets, les lycées sélectionnés - 250 avaient postulé - se sont vu attribuer une dotation globale de 500 équivalents temps-plein.

    Semestrialisation, réaménagement des options, mise en place d'accompagnement individualisé... Autant de mesures qui sont actuellement testées sur le terrain. Tandis que le lycée Louis Liard de Falaise (Calvados) a mis en place un système de tutorat hebdomadaire à destination des élèves en risque de décrochage, le lycée Condorcet de Saint-Quentin propose trois heures d'enseignement supplémentaire en français et en mathématiques aux élèves qui le souhaitent. « Il faut arrêter de penser que tous les élèves ont les mêmes besoins. Nous essayons d'individualiser davantage l'enseignement », souligne Philippe Koszyk, le proviseur.

    Possible réorientation

    Autre grand chantier, l'orientation, régulièrement pointée comme la principale faiblesse du lycée actuel. Au sein du lycée Condorcet, les enseignements de détermination - ou options - traditionnellement proposés en seconde pour préparer la future spécialisation (ES, S, L) du lycéen, ont été supprimés. « Leur défaut, c'est qu'ils ne permettent pas à l'élève de se tromper. S'il s'aperçoit, en fin d'année, qu'il n'a pas fait le bon choix, il est déjà trop tard, puisqu'il n'a pas eu l'occasion de découvrir d'autres matières », insiste Philippe Koszyk. A la place, l'établissement a imaginé des « parcours » (sciences et techniques, économie, littérature, sciences...), que l'élève suit durant tout le premier trimestre. En janvier, il a alors l'obligation, durant une semaine à temps plein, de s'inscrire aux cours de l'ensemble des autres parcours. « Il peut ainsi se frotter à de nouveaux contenus, et se réorienter, s'il le souhaite », explique Philippe Koszyk.

    Cours en amphithéâtre

    Certains établissements se projettent même plus loin, comme le lycée Godefroy de Bouillon, à Clermont-Ferrand. Les élèves qui se destinent à un enseignement en classes préparatoires aux grandes écoles se voient dispenser, dès la classe de première, un enseignement supplémentaire de 30 heures par an, pour préparer leur entrée dans ces filières sélectives. De même, le lycée cherche à mieux préparer ses élèves au monde universitaire, en dispensant certains cours en amphithéâtre.

    Des expérimentations qui font tiquer les syndicats. « Il ne faudrait pas que ces projets soient l'occasion pour le ministère de faire passer une réforme en catimini »,avertit Daniel Robin, secrétaire général du Snes-FSU, principal syndicat du second degré, qui raille également la méthode du ministère, lequel « annonce une nouvelle réforme sans même attendre le bilan de ses expérimentations ». Des critiques que balaie la Rue de Grenelle, qui assure que ces « projets n'ont absolument pas vocation à être généralisés ».

    Source : http://www.lesechos.fr/info/france/020138698065-reforme-du-lycee-123-etablissements-prennent-les-devants.htm


  • EDUCATION - La fac n'est pas si boudée...

    C'est la surprise de la rentrée. Alors que le mouvement des enseignants-chercheurs, qui a perturbé au printemps une université sur deux, pouvait présager d'une désaffection des étudiants pour la fac, le nombre d'étudiants attendus en cette rentrée est quasi stable. Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, a donné ce jeudi les prévisions d'effectifs (sur la base des voeux d'orientation émis par les étudiants sur Internet) : 2.230.000 étudiants sont attendus, soit une baisse de 1,1% par rapport à l'an dernier. La désertion tant redoutée est donc tout à fait limitée, quand on sait que ces cinq dernières années, la fac a perdu 10% de ses aficionados.

    «Le mouvement de protestation n'a pas eu d'impact»

    «J'en déduis que le mouvement de protestation n'a pas eu d'impact sur l'université dans son ensemble», a concédé la ministre. Le gouvernement avait pourtant laissé entendre que la Sorbonne (Paris IV) serait délaissée par 25% de ses ouailles, et que Paris-VII ou Vincennes-Saint-Denis pourraient en perdre jusqu'à 50%. Reste à savoir si les établissement les plus en pointe de la contestation - Toulouse le Mirail, Rennes 2, Montpellier 3 ou encore Lyon 2- seront tout de même boudés. Les chiffres locaux seront connus à l'automne.

    Parallèlement, les filières dites sélectives - prépas (+2,5%) et IUT (+1%) - continuent d'attirer de plus en plus de jeunes, séduits par la perspective d'un très bon encadrement. En presque dix ans, les effectifs sont passés de 70.000 à 80.000 élèves. Du coup, certaines universités tentent un rapprochement avec les prépas. Cinq classes expérimentales, mutualisées avec une fac de la région, ouvrent en cette rentrée. Ainsi, à Argenteuil, les élèves de la prépa physique chimie du lycée Jean-Jaurès auront cours trois jours par semaine in situ et deux jours à l'université de Cergy-Pontoise, avec une équipe d'enseignants mixte. La rencontre de deux mondes, enfin.

    Source : http://www.20minutes.fr/article/348299/France-Universites-les-greves-du-printemps-n-ont-pas-tant-refroidi-les-etudiants.php

  • La ministre de l'Enseignement supérieur a indiqué hier à Paris devant le comité de pilotage Campus Grand Lille que l'État débourserait 110  millions d'euros pour rénover les facultés, améliorer la vie étudiante et restructurer la recherche. Montant qui devrait, normalement, être doublé, les trois collectivités territoriales partenaires s'étant engagées à mettre 1 E là où l'État mettrait 1 E.

    PAR NICOLAS FAUCON <script type="text/javascript"></script>

    D'abord, la satisfaction. Quand Valérie Pécresse lâche : « J'ai décidé d'allouer 110 ME pour le projet Campus Grand Lille », Michel-François Delannoy apprécie. Comme les autres élus nordistes et les trois présidents d'universités lilloises assis à la table de la ministre, Jacques Legendre en tête. « Fin août, on en était à 70-80 ME, rappelle le sénateur.

    J'ai le sourire car je me souviens du sentiment d'humiliation (quand, en mai 2008, le dossier lillois a été retoqué). Si on n'avait pas réussi à rattraper cela, on aurait été une région de seconde zone. » Puis, au moment de se quitter, le vice-président de la communauté urbaine de Lille repense à la fin de la phrase de Mme Pécresse : « Ils (les 110 ME) vont, en plus de couvrir les frais d'étude et de construction, servir à maintenir et à entretenir le patrimoine dans le cadre d'un partenariat public-privé. » Le maire de Tourcoing est contrarié : ne vient-il pas de réaffirmer la promesse des trois collectivités territoriales (Région, Département et LMCU) «  de mettre 1 E là où l'État mettra 1 E » ? Or, « dans cette somme (les 110 ME ), il y a 25 ME de maintenance. Il n'est pas question que la communauté urbaine de Lille mette un centime d'euro sur la maintenance des bâtiments universitaires. » Alors, Campus Grand Lille bénéficiera-t-il de 220 ME ? «  Nous, on financera à hauteur de 85 ME », prévient M. Delannoy. Vice-président en charge des universités à la Région, Jack Lang désamorce et rappelle «  l'engagement  » des collectivités. « Bien sûr, on peut regarder dans le détail, mais cette augmentation de l'enveloppe reste une très bonne nouvelle. » Une satisfaction partagée hier par l'ensemble des autres élus et décideurs même si le montant rêvé et idéal tutoyait le milliard d'euros... Alors que les premiers travaux devraient débuter en 2011, le projet de rénovation baptisé Campus Grand Lille a vécu hier une étape qualifiée de «  décisive ». Réunis au ministère, les présidents d'université, le recteur, le préfet, la Région et la communauté urbaine de Lille (et aussi le patron régional du MEDEF) ont découvert la cagnotte allouée pour ce projet, l'un des douze retenus dans l'opération de rénovation immobilière des universités voulue par Sarkozy pour créer de grands campus de niveau mondial.

    Parmi les priorités : le renforcement et la structuration du potentiel de recherche le renforcement de la formation doctorale : la création de learning centers, sortes de bibliothèques du futur et l'amélioration de la qualité de vie étudiante. Un dernier objectif qui passe par l'amélioration des logements étudiants (lire ci-contre).

    Modèle fédéral

    Quant au modèle, on ne parle définitivement plus de fusion. L'université de Lille sera d'abord une confédération et évoluera selon Christian Sergheraert avant 2014 «  vers un modèle fédéral où les trois composantes conserveront leur statut d'université ».

    Le pilotage de cette confédération sera effectué par le PRES Université Lille Nord de France. Les 110 ME serviront à réaliser une première phase de travaux (une seconde phase interviendra après 2013). Cette somme pourra être encore augmentée par le grand emprunt. «  Il y aura des appels à projets dans le cadre du grand emprunt », a indiqué la ministre. Mme Pécresse a également précisé que ce plan Campus «  n'aura de sens que s'il permet le rapprochement des trois universités lilloises mais aussi des établissements privés et des universités d'Artois, de la Côte d'Opale et de Valenciennes ». •

     

     

    REPERES

    Avril 2008. - Lancement du plan Campus par le gouvernement qui entend transformer dix universités françaises en « grands campus de niveau mondial » avec des aides financières à la clé. Les trois universités lilloises élaborent un projet commun.

    28 mai 2008. - Le projet est d'abord retoqué.

    4 décembre 2008. - Le dossier lillois est repêché dans le cadre du plan de relance.

    16 février 2009. - Création du PRES : pôle de recherche et d'enseignement supérieur qui regroupe les universités de la région. C'est une condition pour bénéficier de lamanne du plan Campus.

    Mi-juillet 2009. - Le comité de pilotage des universités lilloises remet sa copie au ministère.

    15 septembre 2009. - Le montant de l'enveloppe attribuée dans le cadre du plan Campus est annoncé par Valérie Pécresse : 110  millions d'euros.


    Source : http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2009/09/16/article_campus-grand-lille-l-etat-mettra-110-me.shtml

  • Après plusieurs semaines de crise au printemps, probablement l'une des plus longues que l'université ait connues, et trois années consécutives de cours perturbés, les Cassandre avaient pratiquement annoncé la mort prématurée du modèle français d'enseignement supérieur, autrement dit libre d'accès, public et bon marché. Face à la concurrence des filières sélectives, performantes sur le marché du travail, il semblait difficile aux observateurs, pour ne pas dire impossible, que l'université puisse continuer à séduire des étudiants. Particulièrement dans une période aussi difficile de crise économique majeure.

    Stabilité ou hausse

    Tout le monde, ou presque, s'attendait à une baisse des inscriptions en cette rentrée 2009. Or, les premières indications émanant des universités de la région montrent, au pire une stabilité, au mieux une augmentation des inscriptions si l'on compare avec l'année dernière. « Ce sont des chiffres rassurants », admet Alain Boudou, président de Bordeaux 1 (sciences) et surtout du Pres (union des quatre universités bordelaises et de quatre écoles). « Mais il ne faut pas encore tirer de conclusions trop hâtives, ajoute-t-il. Nous avons mis cette année en place un système d'inscription en ligne qui peut expliquer que nous enregistrons pour l'instant des hausses du nombre d'inscriptions, parfois assez nettes. C'est plutôt une bonne tendance puisqu'il n'y a pas d'indicateurs négatifs ou alarmants. Mais il faudra attendre un peu pour en être certain. »

    Toutes les filières

    Les chiffres définitifs ne seront certes connus qu'à la mi-octobre. Mais les premières indications sont plus que favorables. Avec toutes les réserves que vient d'indiquer Alain Boudou, Bordeaux 1 enregistre pour l'instant une hausse. À Bordeaux 4 (droit), cette année s'annonce aussi comme l'une des meilleures en termes d'inscription. À Bordeaux 2, la filière médecine est toujours très prisée des bacheliers, et les effectifs de la première année sont en légère augmentation, avec 2 316 étudiants. Seule la filière Staps, qui mène le plus souvent à l'enseignement du sport, connaît une légère baisse. Mais les inscriptions dans la filière sciences de l'homme (psychologie et sociologie) sont en revanche en progression.

    Cette filière sciences humaines a pourtant mauvaise réputation sur le marché de l'emploi. Il n'empêche, les étudiants continuent à s'y inscrire massivement... grève ou pas. C'est encore plus flagrant du côté de Bordeaux 3 (lettres et langues), où le mouvement a duré le plus longtemps. Les étudiants y repassent encore d'ailleurs la session de rattrapage. « On a été surpris. On nous promettait la catastrophe et on est pour l'instant sur une hausse d'environ 7 %, soit 200 étudiants de plus que l'année dernière », explique Patrice Brun, président de Bordeaux 3. Ce dernier estime que l'augmentation du nombre de reçus au bac cette année (on est passé de 84 % à 88 %) est une explication plausible. « Mais je constate aussi que Toulouse 2 le Mirail est en baisse. Je pense que la manière dont nous avons géré le conflit à Bordeaux 3, en évitant l'affrontement, n'a pas fait fuir les étudiants. »

    Pau et La Rochelle

    À l'université de Pau et des pays de l'Adour, où le mouvement a été particulièrement dur, son président parle aussi de « bonne surprise » avec ces premiers chiffres. Pour 2009-2010, le nombre d'étudiants qui fréquenteront l'université devrait être globalement équivalent à celui de l'an passé, où l'on frôlait les 11 000 inscrits. Plus au nord, à La Rochelle, université épargnée par la grogne étudiante, le constat est également très positif à ce jour. Une hausse d'environ 5 % est pour l'instant enregistrée. Elle devra aussi être confirmée dans les jours à venir.





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