• « Faire de Paris la plus belle métropole universitaire du monde. » Telle est l'ambition affichée par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, qui s'est vu hier, dans cette optique, remettre le rapport de l'ancien directeur général du CNRS Bernard Larrouturou. Elle l'avait chargé en début d'année de remédier au morcellement du paysage universitaire parisien, dans sa dimension tant académique qu'immobilière.

    « Cette fragmentation est un handicap », a martelé hier la ministre, qui prône, à l'instar du rapport, le regroupement des universités et des grandes écoles au sein de pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), dont la taille « devra se situer dans la norme des grands campus internationaux, qui comptent entre 3.000 et 6.000 doctorants ». Deux, voire 3 PRES sont en discussion. L'objectif est d'arriver à leur création d'ici à la fin 2009. Seules ces entités pourront bénéficier de la dotation en capital prévue par l'opération campus (700 millions d'euros pour Paris intra-muros). Revient à Bernard Larrouturou la lourde tâche de négocier avec les acteurs de l'enseignement supérieur pour y parvenir.

    12.000 nouveaux logements

    Parallèlement, le recteur de Paris, Patrick Gérard, est chargé de lancer une concertation de deux mois avec les collectivités concernées, essentiellement la région Ile-de-France et la Ville de Paris, pour aboutir à un schéma directeur immobilier et un plan coordonné de financement des investissements prioritaires autour de quatre grands quartiers. Le but est de parvenir, en moins de dix ans, à une quarantaine d'implantations, contre plus de 100 aujourd'hui, pour les huit universités.

    Autre axe prioritaire, l'amélioration de la vie étudiante : un plan conjoint avec la Ville de Paris prévoit 12.000 nouveaux logements d'ici à 2020 et 1.000 de plus à la Cité internationale. Un établissement public d'aménagement universitaire sera créé à titre transitoire pour ce vaste chantier. Qui, assure Bernard Larrouturou, pourra être réalisé « sans augmentation budgétaire », si les efforts consacrés aujourd'hui sont maintenus. Valérie Pécresse a rappelé que l'Etat avait engagé dans l'immobilier universitaire francilien, pour la période 2007-2013, 4 milliards d'euros (2 milliards de crédits budgétaires et 2 milliards de dotation en capital). Elle attend que les collectivités apportent 1 euro pour 1 euro investi par l'Etat.« Nous attendons de l'Etat, au-delà des annonces, des engagements précis, un calendrier plus clair et un sens du dialogue et de la concertation qui s'inscrivent dans la durée », a réagit hier soir le maire de Paris, Bertrand Delanoë.

    Source : http://grandparis.over-blog.com/article-37075502.html


  • "J'accumule post-doc sur post-doc afin de vivre", par N. P.

    Doctorat scientifique en biologie moléculaire dans une université américaine de l'Ohio, je ne trouve strictement rien de durable et j'accumule post-doc sur post-doc afin de vivre. En ce moment à l'hôpital Pompidou pour trois mois, je ne vois pas la fin de ma pathétique précarité. Qui est responsable ? Mariée et mère de deux enfants, je ne peux partir à l'étranger pour améliorer ma carrière.

    Que puis je faire ? Rien, si ce n'est attendre. Je persiste dans un domaine qui est des plus intéressants, à savoir la recherche sur le cancer. Heureusement l'amour pour mon métier me permet de m'acrocher jusqu'à de meilleurs jours. Salaire ? 2000 € brut quand la bonne étoile me sourit, sinon, c'est moins, nettement moins.

    • "Au mieux je suis payé tous les six mois, au pire je ne suis pas payé", par Olivier

    Depuis 8 ans, on me fait confiance, on me confie désormais moins de TD (travaux dirigés), plus de cours magistraux, mais mon statut ultra précaire ne changera jamais. D'un semestre sur l'autre, on peut tout me retirer de manière totalement arbitraire mais légale.

    Au mieux je suis payé tous les 6 mois, au pire je ne suis pas payé, mais on sait que j'ai une conscience professionnelle et que j'assumerai tous mes cours, que je corrigerai les copies d'examens terminaux alors qu'administrativement je n'y suis pas autorisé et que je surveillerai les épreuves et ferai passer les oraux, tout cela bénévolement.

    Je ne signe pas de contrat de travail, on m'oblige à avoir un travail à côté, quelqu'il soit, parfois je triche pour continuer à enseigner car j'aime cela et on me fait des attestations de complaisance. J'entame ma 9e année, des titulaires qui me pensaient statutaires m'appellent le "vacataire honoraire" ou "émérite" ! Dès qu'une occasion de stabilité se présente à l'extérieur je la saisirai, à contre-coeur car j'aime cela.

    • "Je m'éloigne donc progressivement de l'université", par Charles V.

    "Jeune" enseignant-chercheur depuis 2003 dans une faculté de droit parisienne, je peux témoigner de cette galère à l'université. J'ai pour ma part eu finalement de la "chance", puisque j'ai toujours enseigné dans le cadre juridique d'un statut, certes précaire (contrat d'un an) et peu rémunéré (1 200 à 1 500 euros par mois). Si la situation des statutaires précaires est meilleure sur ce plan que celle des vacataires, elle ne l'est en revanche pas en ce qui concerne les conditions de travail, notamment la considération de nos pairs, spécialement difficile à vivre.

    Pour ma part, j'ai la chance d'être avocat par ailleurs, et je m'éloigne donc progressivement de l'université pour m'investir dans mon activité libérale bien plus satisfaisante humainement et socialement. Mon éloignement est délibéré depuis les grèves de l'an passé et le mépris de notre ministre. Période à laquelle j'ai d'ailleurs ouvert mon propre cabinet.

    Cela étant, je n'ai pas renoncé à obtenir un poste de maître de conférence ou de professeur, ce qui dépendra du succès de mes travaux universitaires. Mais tout de même quelle galère !

    • "La recherche, c'est la liberté", par Laurent-Victor S.

    Je fais ce métier parce que j'aime enseigner et chercher. C'est un métier en soi. On travaille énormément, contrairement à l'image qui nous est réservée (entre cours et recherche, au mininum 50-60 heures par semaine, week-end souvent compris, une-deux semaines de vacances, les éditeurs n'attendant pas).

    Soutier un temps, j'ai travaillé dans le privé. J'ai aimé, cela m'a permis de continuer à enseigner (car il faut travailler pour enseigner si on a plus de 28 ans). Mais, l'enseignement, ce sont les étudiants ; la recherche, c'est la liberté.

    Alors m'entendre dire que je suis un glandu, un étudiant attardé, non. J'ai formé des étudiants, je les ai orientés. J'ai assumé ma fonction. La plupart m'en savent gré, pas tous, heureusement. Mais de grâce, respectez nous, nous nous sacrifions pour des misères en escomptant un avenir incertain. Nous le faisons en connaissance de cause, non pas par goût de la sécurité de la fonction publique, à laquelle nous n'accédons pas forcément, mais parce qu'on aime le public étudiant, parce qu'on aime la recherche, dont la vocation est bien d'être, un jour, appliquée, nous en avons conscience, je vous rassure.

    • "L'attribution des postes se fait en réseau, par cooptation", par Cobol 91

    Docteur en science politique (bac +8), j'ai renoncé à l'enseignement et à la recherche à cause du caciquisme de l'université dont l'Etat s'accommode apparemment très bien. L'attribution des postes se fait en réseau, par cooptation.

    Actuellement au RSA, je vis avec 500 euros. Mes contrats de vacation sont volontairement tronçonnés par le rectorat pour éviter de me payer des congés et des allocations chômage (selon le propre aveu de l'administration !). Parce que des postes à 1 500 euros, c'est encore le sort le plus enviable.

    J'en connais plein qui émargent pour 400 euros par mois, parfois pour encore moins (voir travaillent au noir), à faire le larbin des professeurs (correction des copies, correction des articles et ouvrages des professeurs, cours que ces derniers ne veulent pas faire...). J'en connais même qui vont aller chercher leur colis alimentaire aux Restos du cœur, pendant que leurs enseignants vont se goberger dans les réceptions somptueuses (champagne et petits fours) payées sur le budget de la recherche (sans parler des voyages pour colloques bidons). Et Valérie Pécresse qui lâche encore de l'argent pour les universités pour alimenter ce système aberrant (et avoir la paix dans les campus) qui fabrique plus de chômage et de précarité ? Et cela sans aucune contrepartie ! C'est scandaleux.

    Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/06/malaise-a-l-universite-au-pire-je-ne-suis-pas-paye_1249880_3224.html


  • « Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l'unité, son motif le plus puissant. C'est pour la mener avec succès en rassemblant l'ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n'est pas une invention, c'est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu'elle cesse : renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l'exploitation et à l'écrasement. » H. Krazucki

     

    Education Nationale : Masterisation à la sauce Darcos-Chatel 

    = étudier plus longtemps, travailler plus, et… gagner moins !

     

    En juin 2009, le FSC avait exprimé son indignation en apprenant que le SNES (principal syndicat de la FSU pour le Second degré) ne s’était pas opposé au projet ministériel dit de « masterisation », qui impose désormais à tout étudiant d’avoir un Master pour être titularisé comme professeur dans le Premier ou le Second degré.

    L’argument principal de la direction du SNES était alors qu’une perspective de revalorisation des métiers de l’éducation était désormais ouverte.

    Un mois après la rentrée scolaire, les mesures gouvernementales en cours d’application ou programmées constituent un véritable camouflet pour les semeurs de fausses illusions : non seulement ces mesures n’apportent aucune avancée pour les salaires, les conditions de travail et de formation des enseignants, mais elles vont toutes dans le sens d’une véritable dévalorisation de ces métiers et d’une régression sans précédent du service public d’enseignement.

     

    Qu’on en juge !

    Pour être professeur titulaire, en collège ou lycée par exemple, il faudra désormais :

    • étudier un an de plus (en Master 1)

    • préparer un concours d’enseignement tout en passant son Master 2, le niveau « Master 2 » exigé pour enseigner menaçant de remplacer purement et simplement les postes mis au concours ; ceci, ajouté à la loi dite « de mobilité dans la Fonction publique », votée le 3 août 2009 1, permettra de liquider le statut de fonctionnaire dans l’enseignement

    • pendant cette année de préparation, assurer 108 heures d’enseignement seul devant une classe, en étant payé 28 euros de l’heure devant élèves (le montant net d’une vacation) - ce qui revient à moins de 15 euros par heure, avec le temps de préparation et de corrections -

    • après le concours, être stagiaire avec un service d’enseignement équivalent aux deux tiers d’un temps complet (soit le double du temps de service des stagiaires de 2007 !)

    • être payé, à Bac + 5, 80 euros de moins que ce que gagne aujourd’hui un jeune professeur à Bac + 5 (un « néo-titulaire ») ; les autres travailleurs de l’Education ne touchant, quant à eux, pas un centime de plus…

     

    Ces nouvelles dispositions poursuivent la destruction en cours de l'Education nationale, conforme à la ligne des stratégies européennes de Bologne et Lisbonne ; elles permettent au gouvernement de supprimer 11000 postes d’enseignants titulaires sur le dos des stagiaires en 2010, d’utiliser des étudiants comme précaires « bouche-trous » des postes non pourvus, et de faire de sensibles économies sur la paie des futurs recrutés.

     

    Tout bénéfice, donc, pour ceux qui organisent l’asphyxie totale des services publics afin de les livrer en pâture aux intérêts privés ; et magistral pied de nez aux tenants d’un syndicalisme de « discussions » et de « dialogue social », qui refuse une orientation stratégique claire, un enracinement dans la lutte des classes, et qui, au nom d'un prétendu « refus du tout ou rien » inventé pour les besoins de la cause, s'enferme dans la logique stratégique du pouvoir et du patronat (même si c'est à son corps défendant). C'est à l'opposé de ce qu'attendent les salariés de l'Education, dont les revendications et les aspirations nécessitent la construction d'un rapport de forces qui permette de résister, de faire reculer le pouvoir, et d'obtenir satisfaction.

     

    Face à ces attaques, les militants du FSC se battent, au sein de la FSU et auprès de leurs collègues, pour que les mobilisations soient à la hauteur de la riposte nécessaire, dans l’Education, de la Maternelle à l'Université, mais aussi en faisant le lien avec l’ensemble du monde du travail également victime des logiques destructrices du système capitaliste.

    1 Un fonctionnaire dont le poste est supprimé (et les postes sont supprimés par dizaines de milliers) pourra être mis en disponibilité d’office ou admis à la retraite s’il a refusé trois offres d’emploi public "correspondant à son grade et à son projet personnalisé d’évolution professionnelle, et tenant compte de sa situation de famille".

    Source : http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-37074085.html


  • C’est un petit élément du grand puzzle qui dessine la France sociale en cet automne 2009. Mais il est inquiétant. Pour la première fois, le Secours populaire a officiellement ouvert, mardi 22 septembre, une antenne sur un campus. A l’université Lille-I de sciences et techniques à Villeneuve-d’Ascq, une permanence accueille, chaque mardi de 12 heures à 14 heures, les étudiants en difficulté sociale. Ces derniers sont reçus par des bénévoles de l’association. « Nous avons par exemple accueilli un étudiant lillois qui n’a pas d’endroit où dormir en attendant sa bourse, ou encore une jeune Africaine qui n’a pas le droit aux APL et qui malgré son travail ne mange pas tous les jours à sa faim », raconte à Mathieu Pagura, de Metro , Delphine Roussel, accueillante dans la permanence.

    « Depuis un an, on a vu venir de plus en plus de personnes en difficulté à la banque alimentaire. On est passé de 2 000 à 3 300 personnes et on s’est rendu compte que parmi ces personnes, il y avait 300 étudiants », a expliqué à l’AFP le secrétaire général de la fédération du Nord du Secours populaire, Jean-Louis Callens. Selon lui, il existe une « précarisation croissante » des étudiants qui « pour certains ne mangent qu’une fois par jour et ont de plus en plus de mal à régler leur factures de mutuelle, d’inscription à la fac ou de loyer ». Mais, comme le note Caroline Heurtault dans Nord-Eclair« en choisissant d’ouvrir un guichet hebdomadaire dans l’enceinte de l’université (…), le Secours populaire et la faculté ont passé la frontière traditionnellement établie de longue date en France entre éducation et charité. » Et ils ont provoqué l’indignation de la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, qui s’est dite « choquée » par cette initiative. « Pour elle, il n’y a pas d’étudiants pauvres. » s’agace , auprès de Gaëlle David de L’Humanité, Sandrine Rousseau, vice-présidente à la vie étudiante de Lille I, à l’initiative de ce projet. « Au moins, avec ce dispositif, on va voir si c’est vrai. »

    Pour Libération , « il semble que la ministre ait été quelque peu prise de court. Elle était en visite à l’institut Pasteur de Lille. C’est en repartant qu’elle a été interrogée, lundi, sur cette première en France - l’installation du Secours populaire dans une fac. Pour la ministre (…) qui voit des signaux positifs partout, le coup est rude. » Mais les faits sont là. Sandrine Rousseau déclare à Nicolas Faucon, de La Voix du Nord«  Je suis partie du bilan de santé du Centre universitaire pour la promotion santé où il apparaissait que certains étudiants avaient un souci d’alimentation. Soit ils ne mangeaient pas deux fois par jour, soit ils ne se nourrissaient que de pâtes et de frites, soit ils n’avalaient que des chips, faute d’argent.. » :

    Emilie Lafdal, l’une des secrétaires départementales du Secours populaire du Nord, renchérit auprès de Gaëlle David : « Le centre universitaire de promotion de la santé et le Crous nous ont signalé la présence d’élèves qui souffrent de carences. Il faut dire que 70 % des étudiants avouent, ici, qu’ils travaillent à côté des études, parfois avec des horaires improbables. Certains s’endorment en cours. » Caroline Heurtault précise que « près d’un tiers des étudiants de l’académie bénéficient de bourses sur critères sociaux et 40 % des étudiants du campus de Villeneuve travaillent 12 à 15 heures tout au long de l’année. »

    Selon une étude menée en 2006 par l’Observatoire de la vie étudiante , un jeune sur deux exerce durant l’année universitaire une activité rémunérée, qui peut aller du baby-sitting à un emploi de nuit régulier. Plus préoccupant : 13 % travaillent au moins à mi-temps, au minimum pendant un semestre. Leurs chances de passer les examens avec succès sont alors inférieures de 40 % à celles des autres étudiants.

    Denis Peiron relevait lundi dans La Croix que de nombreux étudiants se retrouvent aux frontières de la pauvreté. Il citait Patrick Rayou, professeur des sciences de l’éducation à l’université Paris 8 : « Quand je demande à mes étudiants de m’indiquer une adresse mail pour pouvoir communiquer facilement, beaucoup finissent par me donner celle d’un parent ou d’un ami. À l’évidence, ils ne disposent pas de leur propre ordinateur. De même, il n’est pas rare qu’un étudiant n’ait pas lu les livres recommandés, faute d’avoir pu se les payer. Pour avancer dans les cours, nous sommes obligés de scanner ou photocopier - illégalement - les ouvrages. »

    Une situation qui n’est pas nouvelle. En mars 2008, L’Humanité notait déjà une baisse croissante du pouvoir d’achat des étudiants depuis six années consécutives. Et soulignait Anouch Zaroukian, présidente de l’UNEF Orléans : « 100 000 étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté… »

    Source : http://veilleur.blog.lemonde.fr/2009/10/01/ces-etudiants-dans-la-misere-que-valerie-pecresse-ne-veut-pas-voir/


  • La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche Valérie Pécresse a présenté ce matin son budget 2010. Elle y voit une nouvelle confirmation que «le président Nicolas Sarkozy tient ses engagements» puisque «l'effort supplémentaire pour l'enseignement supérieur et la recherche est de 1,8 milliard d'euros.»

    Fidèle à son habitude, la ministre a transformé la litanie des chiffres en opération de séduction. Une volonté d'autant plus forte qu'elle a souligné à quel point elle considérait que les accusations répétées de «mensonges» à son égard avait créé un déficit de «confiance» dans les relations entre l'Etat - plus exactement le gouvernement - et la communauté universitaire et scientifique.

    D'où une présentation budgétaire assez curieuse où les seuls chiffres donnés - avant demande des journalistes présents - étaient des «augmentations», afin de prouver que le 1,8 milliard y est. Et que les universités croulent sous des budgets en hausse rapide et pour toutes, comme le montre, affirme la ministre, le tableau complet de leurs dotations, mis en ligne par le ministère. L'intégralité du dossier de presse est ici . Le communiqué du ministère ici.

     

    Les internautes peuvent se référer aux documents mis en liens pour une vision globale du budget, voici donc seulement quelques remarques rapides avant une analyse plus soutenue.


    - le budget du MESR est annoncé en hausse à 29,172 milliards contre 27,706 en 2009. Mais, si l'on se concentre sur les crédits budgétaires proprement dits, donc en excluant le crédit d'impot recherche et partenariat public privé alimentés par des ressources extra-budgétaires, on trouve une augmentation limitée à 274 millions d'euros pour la partie recherche et 376 millions pour l'enseignement supérieur. Le reste du 1,8 milliard «de plus» provient des intérêts des 3,7 milliards issus de la vente des actions d'EDF placés, des partenariats public privés et de la non rentrée fiscales du crédit d'impot recherche (3,7 milliards prévus en 2010).

    - En résumé, il y a un réel effort pour la recherche publique et l'enseignement supérieur dont l'essentiel est consacré au rattrapage du retard en immobilier universitaire et à la mise en sécurité des bâtiment existant. Est-il suffisant au regard des besoins du pays... c'est une autre question. Notons tout de même que la stagnation des effectifs des universitaires et des chercheurs, présentée comme une grande victoire en raison du dogme de la diminution de l'emploi public, signifie un certain renoncement.

    - A côté, il y a un soutien considérable à la recherche privée, via le CIR, dont tout laisse penser qu'il va continuer à bénéficier en majorité aux grands groupes, qu'il restera non sélectif (le marché a toujours raison) et douteux quant à son effet réel sur l'effort de recherche (le président Nicolas Sarkozy l'a souligné, Bercy ne va pas emmerder les entreprises avec des contrôles fiscaux sur ce point).

    - Il n'y aura pas de création d'emplois de chercheurs et d'enseignants chercheurs en 2010. Les seules créations seront sur des CDD, type ANR. Autrement dit, le potentiel humain de la recherche publique n'évoluera pas, or chacun sait que c'est d'abord là que se joue la capacité d'un pays à booster sa recherche.

    - La politique de ressources humaines - autrement dit l'attractivité des carrrières scientifiques - sera fondée sur une distribution de primes. Cette distribution sera ciblée - la ministre parle de 20% des effectifs - et fortement rémunératrice pour les récipiendiaires. Ainsi, a t-elle souligné, la direction de l'université Pierre et Marie Curie aura 700 000 euros de primes à distribuer aux "plus méritants". Les plafonds des primes montent à 15 000 voire 25 000 euros. Cette politique subit des critiques récurrentes et vives.
    Deux mesures générales sont à noter. D'abord l'augmentation du nombre de promotions possibles en classe exceptionnelle et 1ère classe pour les Professeurs et en hors classe pour les maitres de conférence (1160 pour ces derniers contre 988 en 2009). Puis l'alignement des salaires d'embauche des maitres de conférence sur les chargés de recherche par la prise en compte des années de thèse et de post-doc dans leur ancienneté... mais cette mesure présentée comme nouvelle a été prise cette année. La ministre n'a rien dit sur le problème qui en découle : quid des jeunes maitres de conférences recrutés les deux, trois, ou quatre années avant qui se retrouvent moins bien payés que les nouveaux entrants et le vivent assez mal...

    - Les contestataires de la politique gouvernemantale ont en partie obtenu gain de cause sur l'Agence nationale de la recherche. Ainsi, d'abord, son budget est stabilisé et n'augmente pas, à 868 millions. Ensuite, son programme blanc, non thématisé, passe à 50% de son budget, contre 35% en 2009... Enfin le "préciput", la part de la dotation qui revient à l'université ou à l'organisme (Cnrs par exemple) du laboratoire passe de 15 à 20%.

    Par ailleurs, le secrétaire national du Parti Socialiste à l'enseignement supérieur et à la recherche, Bertrand Monthubert, a tenu une conférence de presse cet après-midi (à laquelle je n'ai pu assister). Voici le document qu'il a remis aux journalistes. Il y dénonce le budget de Valérie Pécresse, et fait des propositions alternatives, fondées sur la réorientation de 750 millions de dépenses et 1,8 milliard de dépenses budgétaires nouvelles finançable «en supprimant le bouclier fiscal», assure t-il.

    Source : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/10/budget-2010-p%C3%A9cresse-sur-un-nuage.html





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