• La FSU dénonce la volonté de passage en force qu'exprime l'adoption par le conseil des ministres du projet de décret sur le enseignants-chercheurs. Contrairement à ce qu'a affirmé François Fillon sur France Inter ce décret ne recueille en rien l'accord de la communauté universitaire : il continue à être contesté par la masse des personnels. Demeurent notamment les dispositions  inacceptables de "modulation" des services qui menacent les libertés et les conditions d'exercice de leur métier par les
    enseignants-chercheurs.
    La FSU déplore que le gouvernement ait refusé d'entendre les demandes de la communauté universitaire concernant l'ensemble du dossier revendicatif.  Le maintien par le gouvernement d'une position intransigeante ne pourra qu'apparaître aux yeux des personnels et des étudiants comme un coup de force et compromettre une sortie positive d'un conflit qui depuis douze semaines mobilise de façon exceptionnelle la communauté universitaire.
    La FSU appelle les personnels à poursuivre l'action .

    Source: http://www.fsu.fr/spip.php?article1584

  • Après le mépris de Nicolas Sarkozy, celui de Valérie Pécresse puis de François Fillon - Communiqué de SLU, 22 avril 2009

    Les faits sont têtus, et il ne suffit pas d’une communication fondée sur le mensonge pour les modifier ; c’est pourtant ce que tentent Valérie Pécresse et François Fillon ces jours-ci, pour habiller d’effets de manche ce qui n’est rien d’autre qu’un passage en force et une véritable provocation. Non, le mouvement des universitaires n’est pas minoritaire. Non, le décret sur le statut des enseignants-chercheurs ne leur confère pas davantage de liberté ; non, la « mastérisation » ne permet pas d’élever le niveau de recrutement des enseignants ; non, les moyens accordés aux universités ne sont pas, dans la plupart des cas, en augmentation.

    Valérie Pécresse a envoyé le vendredi 17 avril une lettre à la CPU qui laisse pantois tout lecteur quelque peu informé. Son intervention au Talk du Figaro mardi 21 avril est du même acabit, de même que l’intervention de François Fillon sur France Inter le matin du mercredi 22 avril.

    Dans quel univers vivent-ils donc, où les mots n’ont plus le sens qu’on croyait pouvoir raisonnablement leur donner ? Le « profond respect » que Monsieur Fillon professe pour les enseignants-chercheurs n’est pas loin des « preuves d’amour » que Madame Pécresse prétend leur donner encore et toujours. Un tel « respect » qui considère que les enseignants-chercheurs sont incapables de comprendre le texte d’un décret qui les concerne s’appelle du mépris Mais ce n’est pas sur le terrain des sentiments que nous les attendons : c’est sur celui des faits. Or, ces faits sont têtus : 1/ la concertation dont se prévaut la ministre est une mascarade ; 2/ l’ensemble de l’argumentation gouvernementale relève du pur et simple mensonge. Cela fait 11 semaines que cela dure. Ça suffit !

    Pour lire la suite: http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2459

  • Madame la ministre,

    Je lis dans la presse qu'au bout de onze semaines de grève dans les universités, vous vous préoccupez de ce qui va arriver aux étudiants en fin de semestre. Pour illustrer ce qu'est l'« autonomie » des universités, vous nous donnez des ordres : vous ne validerez pas « des semestres sans cours », nous devons rattraper nos enseignements, étaler les examens, utiliser les vacances de Pâques. Peut-être estimez-vous que, tout à notre mouvement, nous avions oublié « de penser aux étudiants et aux diplômes »…

    Mais rassurez-vous, Madame la ministre : nous n'entendons pas « valider des semestres sans cours ». Nous sommes en grève : pas de cours, pas d'examens ; pas d'examens, pas de diplômes. Les conséquences ? Nous les connaissons autant que vous : les étudiants de cette année, victimes de votre obstination, ne pourront pas valider leur année. Ils devront redoubler l'année prochaine. Par conséquent, il nous sera impossible d'inscrire de nouveaux étudiants. Nous ne présiderons pas les jurys du baccalauréat. Quelques centaines de milliers d'étudiants et de bacheliers vont se souvenir avec émotion de votre passage au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, Madame la ministre.

    Il est fini le temps des « voies de passage », des réécritures, des petits reculs, des petites astuces, des petits arrangements avec de petits syndicats. Votre mépris de notre enseignement est tel que vous ne vous êtes pas vraiment préoccupée, jusqu'à maintenant, de l'arrêt des cours dans la quasi-totalité des universités. On peut toujours rattraper, n'est-ce pas ? On peut dispenser le contenu de 13 semaines en 7 semaines, pas vrai ? Et puis ces diplômes universitaires ont tellement peu de valeur, après tout… Voilà comment vous voyez les choses, Madame la ministre : il y a eu un peu de « grogne », comme disent vos amis de TF1, et puis au final tout rentre dans l'ordre, on rallonge un peu l'année (il faut bien que ces fainéants d'enseignants-chercheurs travaillent enfin), vous faites les gros yeux et puis tout finit bien, les étudiants ont un diplôme, vaille que vaille, et votre décret passe, avec « modulation de service », « évaluation », et tout ce qui vous tient à coeur. Ouf ! On peut passer aux élections régionales. C'est que vous avez un plan de carrière à tenir.

    Mais je suis désolé de vous dire que ce scénario bien huilé ne va pas pouvoir se réaliser. L'université est en grève, depuis onze semaines, jusqu'au retrait du projet de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs, de celui qui instaure un « contrat doctoral », du projet de « mastérisation » des concours de recrutement et jusqu'à ce qu'on annule les suppressions de postes de cette année. Et c'est une grève totale, illimitée, pas l'expression vague et fiévreuse d'« inquiétudes » ou de « incompréhensions ». Il s'agit d'un conflit social, Madame la ministre, comme en Guadeloupe ou chez Continental, un conflit que vous avez si mal géré que vous avez réussi à le « radicaliser », à l'étendre et à créer la situation très grave où nous sommes aujourd'hui : il n'y aura pas d'année universitaire 2008-2009.

    Vous pensez avoir isolé une « frange » d'acharnés et pouvoir la désigner à la vindicte publique ? Vous comptez sur les congés du printemps pour casser le mouvement et faire passer votre décret en catimini devant le Conseil d'Etat ? Vous croyez avoir trouvé des alliés fidèles auprès des présidents d'université et des médias serviles qui se contentent de reproduire vos communiqués ? Vous pensez, même, que la majorité présidentielle va vous soutenir jusqu'au bout ? Erreurs, Madame la ministre, erreurs lourdes de conséquences pour l'enseignement supérieur et la recherche. Le mouvement continue, il ira jusqu'au bout de sa logique. La « ronde infinie des obstinés », coeur battant et symbole de notre refus, tourne toujours, de jour et de nuit. Elle tourne avec des étudiants, des enseignants, des personnels administratifs et techniques, des bibliothécaires, des chercheurs, et même, de plus en plus, avec nos collègues du primaire, du secondaire, avec des hospitaliers.

    Il paraît que vous vous « inquiétez » pour l'année universitaire, « menacée », d'après vous, si « les cours continuent à être perturbés au retour des vacances de Pâques ». Je vous le confirme : si vous ne retirez pas rapidement et clairement tous vos projets de casse de l'université, les cours continueront à être « perturbés » et l'année universitaire est bien « menacée ». 83 universités, 724 000 étudiants et leurs familles, 58 000 enseignants-chercheurs, 55 000 BIATOSS attendent vos décisions, Madame la ministre.

    Michel Bernard
    Professeur des universités
    Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3

    Source: http://www.fabula.org/actualites/article30826.php


  • Le passage du décret sur le statut des enseignants-chercheurs en conseil des ministres mercredi matin sonne-t-il le glas du mouvement dans les universités? Il doit être publié au Journal officiel dans les deux jours, accompagné d'une circulaire d'explication, annonce l'entourage de la ministre: «C'est une étape supplémentaire de la réforme. Le président était très content ce matin.»

    Le premier projet de décret modifiant le décret de 1984 qui organise en grande partie le travail des universitaires, dévoilé à l'automne dernier, avait mis le feu aux poudres dans l'enseignement supérieur. Il donnait la possibilité aux présidents d'université de réduire le nombre d'heures de cours de leurs enseignants les mieux évalués, pour qu'ils se consacrent à leurs recherches, et d'alourdir la charge des autres. Après plusieurs étapes de réécriture, le texte que le gouvernement s'apprête à promulguer conditionne la modulation de services à l'accord de l'enseignant-chercheur, et maintient le cadre national de son évaluation.

    Des concessions jugées encore insuffisantes par les juristes du collectif de défense de l'université d'Assas, très engagé dans le mouvement, mais aussi le Snesup (syndicat majoritaire), Sauvons l'université, Sauvons la recherche et la Coordination nationale des universités qui continuent de demander le retrait du texte. Plusieurs recours de juristes devraient être déposés au conseil d'Etat dans les deux prochains mois. Sans grand espoir: en 1998, déjà saisi au sujet de la modulation des services il l'avait déclarée légale.

    Pour lire la suite de l'article: http://www.mediapart.fr/journal/france/220409/universite-le-mouvement-d-opposition-aux-reformes-pecresse-est-il-devenu-tres-

  • Jorge Hirsch, professeur de physique théorique à l'université de Californie à San Diego, n'a pas que des amis parmi ses pairs. Son nom est même vraisemblablement maudit, plusieurs fois par jour, dans des laboratoires du monde entier - sans distinction de discipline. Son forfait ? Avoir concocté, en 2005, un indice chiffré réputé capable de mesurer objectivement l'activité des chercheurs et des laboratoires. C'est le h-index, ou indice de Hirsch. Partout dans le monde, les tutelles administratives de la recherche y font appel de manière croissante pour évaluer scientifiques et laboratoires. La France ne fait pas exception, et cette tendance, nouvelle, compte au nombre des bouleversements récents qui inquiètent le monde de la recherche.

    Depuis qu'il a été conçu, le h-index s'est imposé comme le plus connu et le plus utilisé des indicateurs bibliométriques. Son calcul est fondé sur le nombre d'articles produits et le nombre de fois qu'ils sont cités par d'autres travaux. En théorie, l'indice imaginé par Jorge Hirsch tient compte de la productivité brute du chercheur, mais aussi de la qualité de sa production - censée être reflétée par le nombre de travaux ultérieurs s'appuyant sur elle...

    Pour comprendre les réticences des chercheurs à l'utilisation sans précaution du h-index - comme d'ailleurs des autres indices bibliométriques - il faut s'intéresser à la mécanique subtile de toute activité de recherche : celle des publications scientifiques. Plusieurs dizaines de milliers de revues savantes - généralement inconnues du grand public - publient les travaux de chaque communauté. Chaque discipline a "ses" revues. "Il y a un effet mécanique immédiat et évident, prévient un physicien. Si par exemple vous faites de la bonne vieille physique des semi-conducteurs, vous appartenez à une communauté immense, et vos travaux ont vingt fois plus de chances d'être cités que si vous faites de la physique des fluides quantiques, qui rassemble bien moins de monde..." Dans sa proposition de 2005, Jorge Hirsch lui-même avait d'ailleurs mis en garde sur ce biais majeur.

    Pour lire la suite de l'article: http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/04/22/la-recherche-a-l-epreuve-des-chiffres_1183749_3224.html#ens_id=1181096