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    (KL/CP – photos KL) – Cela devrait rappeler de mauvais souvenirs à plus d’un étudiant strasbourgeois : l’Université de Fribourg est actuellement occupée par des étudiants en colère, comme de nombreuses universités un peu partout en Allemagne. Nous avons rencontré Jonathan, un porte-parole du mouvement à Fribourg, pour nous expliquer ses revendications et le sens des actions menées.

    Jonathan, quelles sont vos revendications ?

    J : Il y en a plusieurs principales. D’abord, nous voulons que les frais d’inscription et de scolarité soient annulés afin d’assurer un libre accès aux études aux jeunes de toutes les couches sociales. Nous aimerions aussi que  les étudiants s’impliquent plus dans la gestion démocratique de l’université et nous souhaiterions également que le système Bachelor / Master soit révisé. Et finalement, nous aimerions que la soumission de l’université aux nécessités économiques cesse.

    Mais vous ne pensez pas qu’une relation plus forte entre le monde économique et l’université puisse être bénéfique pour mieux orienter vos études vers des débouchés concrets ?

    J : C’est une opinion qui se défend. Par contre, si aujourd’hui des projets de recherche ne sont financés qu’à condition d’avoir trouvé en aval les applications industrielles d’une telle recherche, c’est un mauvais pas. Bon nombre des grandes inventions de l’humanité n’ont prouvé leur rationalité économique que des années plus tard seulement. La recherche fondamentale est menacée. Les études doivent être plus qu’une simple préparation professionnelle.

    Vous avez occupé l’université. Comment vont se passer les choses maintenant ?

    J : Effectivement, l’université est occupée. Pour l’instant, le recteur n’a pas utilisé son droit d’évacuation et le dialogue est en cours. Les positions du recteur ne sont pas vraiment éloignées des nôtres pour bon nombre de nos revendications.

    La situation pourrait-elle trouver une solution paisible, sans l’intervention des nombreuses forces de l’ordre de la ville ?

    J : La situation ne peut se débloquer que de manière paisible ! Il s’agit d’apporter des réponses aux problèmes soulevés et cela ne sera possible que par le dialogue. Toutefois, nous sommes déterminés à poursuivre cette occupation des lieux aussi longtemps que nécessaire. Afin d’assurer la poursuite des cours, nous avons créé un comité chargé d’élaborer un plan d’enseignement alternatif qui prend en compte la situation actuelle.

    Quelles actions sont-elles prévues ces prochains jours ?

    J : Pour cela, nous avons un autre comité, le comité d’action. On organise des «flash-mob» au centre ville, des rencontres, des débats ou des concerts de percussions en ville où tout le monde peut participer. Malgré cette situation, nous souhaitons rétablir le plus vite possible le déroulement «normal» des cours.

    Toute réforme coûte d’abord de l’argent. Pensez-vous que vos revendications puissent aboutir ?

    J : Je ne suis pas d’accord. Notre revendication d’un supplément de démocratie à l’université peut être mise en œuvre dans le budget courant, il suffit de changer d’attitude et d’adapter les procédures. En ce qui concerne le Bachelor / Master, il s’agit de revenir sur une réforme qui, elle, aura coûté beaucoup d’argent. Par conséquent, nos revendications ne sont pas seulement là pour améliorer la vie à la fac, mais même pour générer des économies.

    Source : http://2-ufer.com/?p=3517


  • Le groupe de travail sur le versement de 10 mois de bourses sur critères sociaux aux étudiants a été installé ce mardi 17 novembre par Valérie Pécresse et Martin Hirsch. PDE y portera des contributions de nature à améliorer le financement de nos études mais met en garde dès aujourd'hui contre les biais qui pourraient intervenir.

    Un droit pour chaque étudiant

    PDE se félicite de l'obtention d'un 10e mois de bourses, et rappelle qu'aujourd'hui une majorité d'étudiants suivent 10 mois effectifs, en prenant en compte le périmètre large de la formation universitaire (cours, TD, TP, mais également les stages, les sessions d'examens,...), Les bourses sur critères sociaux permettent à plus de 500 000 étudiants de disposer d'une aide pour financer leurs études dans de meilleures conditions. Ce dispositif est construit sur le principe d'un droit annuel et, à conditions sociales égales, la bourse est la même, quelque soit la formation. PDE demande que ce principe fort soit maintenu, en proposant à chaque étudiant un droit à 10 mois de bourses dès la prochaine rentrée universitaire.

    Une opportunité d'amélioration pour nos formations et nos diplômes

    Si une majorité des formations sont déjà construites sur dix mois, toutes ne le sont pas encore. L'extension à 10 mois de bourses doit encourager les établissements à construire leur offre de formations sur l'ensemble de l'année universitaire, de septembre à juin. Cette évolution de l'offre doit se construire sur des modules d'acquisition de compétences transversales et de remise à niveau, des stages de pré-professionnalisation, des périodes de découverte de l'université pour les primo-entrants ou encore une réflexion plus profonde sur l'organisation générale de l'année universitaire.

    Néanmoins, PDE émet de profonds doutes quant à la création d'un « label » pour les établissements proposant dix mois de formations. En effet, créer un dispositif à deux vitesses n'est pas acceptable en matière d'aide sociale ! Comment expliquer à deux étudiants suivant le même parcours mais dans deux établissements différents qu'ils n'auraient pas droit aux mêmes aides ? Nous souhaitons donc que tous les étudiants aient accès au 10e mois de bourse dès la prochaine rentrée universitaire, et nous encourageons les équipes pédagogiques à mettre une formation sur dix mois, qu'elles soient assurées du soutien des élus associatifs.

    Des travaux à poursuivre

    PDE rappelle que le 10e mois de bourse était une des mesures proposées par le livre vert de la commission présidée par Martin Hirsch, à laquelle PDE a été un membre actif. Il est aujourd'hui nécessaire de poursuivre les travaux en faveur de la vie étudiante:

    - Etendre la garantie des risques locatifs (GRL) à tous les étudiants, ce qui éviterait les dépenses très importantes en matière de logement à la rentrée, grâce à la suppression des cautions ;

    - Expérimenter la dotation, comme nouveau pilier en matière de financement de la vie étudiante ; - Supprimer les effets de seuils des bourses sur critères sociaux, rendant ainsi enfin notre dispositif plus équitable.

    Source : http://www.pde.fr/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=271&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=88


  • Présentée vendredi dernier aux syndicats enseignants, la dernière mouture de la « mastérisation » a provoqué un véritable tollé. Une grève est déjà prévue mardi.

    La relative accalmie sur le front de l’éducation nationale est bel et bien finie. Depuis deux jours, les syndicats enseignants sont ressortis du bois, furieux, pour dénoncer, les uns après les autres, le dernier projet de réforme de la formation des maîtres. Cette « mastérisation » (le recrutement des futurs enseignants se fera désormais au niveau master 2, soit bac+5) était au cœur de la contestation universitaire du printemps. Contestation qui obligea finalement le gouvernement à promettre une remise à plat et un report d’un an (à la rentrée 2010) de toute application. Seulement voilà  : cette nouvelle mouture, présentée vendredi dernier aux syndicats, a provoqué un véritable tollé. Du Snes-FSU au SE-Unsa, en passant par le Sgen-CFDT et le Snalc-Csen (classé plutôt à droite), pas une organisation n’est satisfaite des arbitrages rendus par Valérie Pécresse et Luc Chatel. Tout fâche. À commencer par le calendrier. Le gouvernement a souhaité, en effet, que tous les concours aient lieu durant l’année de master 2. Les épreuves « d’admissibilité », notamment, se feront en septembre pour les futurs professeurs des écoles et en décembre pour ceux des collèges et des lycées, soit six mois tout juste avant l’admission définitive.

    « Une situation explosive dans les universités »

    « Ces épreuves d’admissibilité sont beaucoup trop tardives », réagit le Sgen-CFDT, qui souhaitait, avec cinq autres syndicats et l’Académie des sciences, une admissibilité en fin d’année de master 1. Surtout, ces épreuves, tout comme les masters, auront un fort contenu « disciplinaire ». à savoir, ils seront centrés en priorité sur la connaissance des disciplines à enseigner, au détriment de la dimension pédagogique du métier. Pour le gouvernement, le but est de créer une formation suffisamment généraliste pour que les nombreux étudiants qui échoueront chaque année aux concours d’enseignant puissent sortir du supérieur avec un diplôme directement utilisable sur le marché du travail. Pour les syndicats, c’est la garantie, malheureusement, d’une professionnalisation insuffisante. « Enseigner est un métier qui s’apprend, s’agace le SE-Unsa. On envoie dans le mur les futurs enseignants. » Au final, cent huit heures de stages en responsabilité (réparties en deux périodes « facultatives ») seront proposées en M2. « Cela ne suffira pas », peste le Snes-FSU, qui dénonce un « projet inacceptable ». Pour les étudiants, cette année de M2 s’annonce particulièrement imbuvable  : comment pourront-ils cumuler les cours, les épreuves à réviser, les stages en classes avec la préparation des cours, et enfin la réalisation d’un mémoire de recherche validant leur master  ? L’Unef a réclamé de « profondes inflexions », sans quoi elle craint « une situation explosive dans les universités ». De leur côté, les trois syndicats de la FSU (Snuipp, Snes et Snesup) ont appelé à la grève dès mardi prochain…

    Source : http://www.humanite.fr/2009-11-18_Societe_Les-profs-faches-par-la-formation


  • La réforme de la formation des enseignants, un des motifs centraux de la contestation universitaire du printemps, continue de susciter l'ire des syndicats. Présenté aux organisations syndicales le 13 novembre par la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse et le ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel, le projet "définitif" prévoit que la formation des enseignants incombe désormais aux universités par l'intermédiaire des masters, et non plus aux instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). Gilles Baillat, président de la conférence des directeurs d'IUFM, répond aux questions du point.fr.

    lepoint.fr : Que vous inspire le dernier projet de réforme de la formation des enseignants ?
    Gilles Baillat : Je suis consterné par ces annonces. La réforme, telle qu'elle nous a été présentée l'an passé, avait suscité beaucoup de mécontentement, c'est pourquoi des groupes techniques de propositions avaient été mis en place au début du mois de septembre. Un travail important a été fait et beaucoup de propositions ont été avancées au terme de ces rencontres, comme la professionnalisation des masters ou des masters à spectre plus large qui pourraient offrir une formation à d'autres activités professionnelles, en ressources humaines en entreprise par exemple. En réalité, ce fut une concertation pour rien, puisque les décisions du gouvernement étaient prises d'avance.

    Que reprochez-vous à ce projet ?
    Le gouvernement souhaite des masters généralistes en privilégiant la dimension disciplinaire à la pédagogie proprement dite. Cela permettrait officiellement à ceux qui échouent aux concours de se réorienter vers un autre métier. Or, nous ne voyons pas en quoi un étudiant en grec ancien ou en lettres modernes n'ayant pas été reçu au concours pourra plus facilement s'insérer dans le marché du travail. Les ministres font aussi comme si les étudiants qui s'inscrivent dans un master et préparent un concours vont abandonner s'ils ne sont pas admissibles alors que la plupart des étudiants le repassent deux, voire trois fois. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils veulent devenir enseignants.

    Qu'est-ce que cela va changer dans la formation des enseignants ?
    Les étudiants inscrits dans ces masters vont avoir d'une part des cours et d'autre part des stages. Mais rien n'est dit dans les textes sur la manière dont les stages vont être intégrés dans la formation. Ce n'est pas le tout de placer des étudiants dans les écoles, il y a un travail qui est aujourd'hui fait avant et après ces stages qui leur permet de se construire une véritable expérience professionnelle. Le risque est de considérer, comme c'est le cas avec cette réforme, que les stages sont secondaires. C'est un bond en arrière de trente ans. Avec ce texte, on considère que, si un enseignant a de solides connaissances de la matière qu'il veut enseigner, cela suffit. Mais, enseigner, c'est un métier qui s'apprend et qui nécessite une véritable formation. Et cette réforme passe à côté de cela.

    Source : http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-11-18/formation-des-enseignants-interview-cette-reforme-est-un-bond-en-arriere-de-trente-ans/920/0/396474


  • Si le but de la réforme de la formation initiale des enseignants était de rebattre totalement les cartes, l'opération est réussie. Xavier Darcos a quitté en juin le ministère de l'éducation nationale avec le sentiment du devoir accompli. Il a laissé à son successeur, Luc Chatel, et à Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, une bombe à retardement que ces derniers s'efforcent de désamorcer. D'autant que l'héritage résulte de la ligne fixée par le président de la République lui-même : poursuite de la politique de suppression de postes dans l'éducation et revanche idéologique contre les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), jugés coupables de propager une pédagogie nocive.

    Le système de formation encore en vigueur cette année à titre transitoire avait pour colonne vertébrale les IUFM. Intégrés aux universités depuis 2008 en tant qu'écoles internes, ils dispensent deux années de formation : l'une pour préparer les concours, l'autre pour préparer au "métier". Environ une moitié des étudiants se destinant à l'enseignement préparent leur concours par leurs propres moyens. Mais tous les lauréats s'inscrivent en IUFM pour leur année de formation professionnelle, qu'ils accomplissent, pour la dernière fois cette année, en tant que fonctionnaires stagiaires de l'éducation nationale, avec, à ce titre, un traitement de 1 300 euros par mois.

    Compenser les suppressions

    Appelée "mastérisation", car elle instaure le niveau master (bac + 5) comme condition pour le recrutement des futurs enseignants, précédemment fixé à la licence, la réforme supprime l'année de stage rémunéré. Elle envoie les lauréats des concours directement en classe. De ce fait, le gouvernement gagne sur deux tableaux : d'une part la suppression de l'année de stage rémunéré lui permet d'afficher 16 000 suppressions de postes en 2010 dans l'éducation nationale. D'autre part, d'un point de vue idéologique, il règle son compte au courant d'idées qui, dans l'éducation, est stigmatisé sous le nom de "pédagogisme", et dont les IUFM étaient considérés comme les "temples"...

    Plusieurs mesures sont destinées à compenser cette suppression. Ainsi, tout un programme de stages sera proposé aux étudiants avant le concours et - concession faite par M. Darcos - les lauréats auront une formation complémentaire sur un tiers de leur temps de service, la première année de métier.

    Les universités doivent, quant à elles, intégrer à leurs masters disciplinaires des modules de préparation à l'enseignement et mettre sur pied, pour l'enseignement primaire, des masters spécifiques. D'où des tensions persistantes : du côté des enseignants-chercheurs, qui redoutent de voir leurs masters de recherche désertés ; du côté des étudiants, qui voient se durcir les conditions d'entrée dans l'enseignement.

    En juillet, le gouvernement a fait passer des décrets qui placent les épreuves d'admissibilité aux concours (épreuves écrites) en année de master 2. La plupart des universitaires, mais aussi des représentants de formateurs et des syndicats d'enseignants, jugent cette concomitance impraticable. Elle obligerait en effet l'étudiant à cumuler sur la même année l'obtention de son master, la préparation intensive du concours et un "stage en responsabilité" de 108 heures pendant lequel il serait responsable d'une classe.

    Le projet continu d'évoluer au rythme des tractations que mènent ces dernières semaines les deux ministères avec l'ensemble des partenaires impliqués dans ce dossier.

    Presque tous réclament que les décrets soient revus et que l'admissibilité soit placée en fin de master 1, ce qui permettrait aux recalés de se réorienter. Le but est de parvenir rapidement à une solution "opérationnelle".

    Un calendrier serré

    Le calendrier politique, qui a besoin d'afficher la "réforme accomplie", vient maintenant rattraper le calendrier administratif et gestionnaire qui impose, pour un début d'application à la rentrée 2010 (dans la perspective de nouveaux concours en 2011), d'en fixer les modalités précises. Quatre groupes techniques, composés de représentants des ministères de l'éducation et de l'enseignement supérieur, planchent depuis le 4 septembre sur la mise en oeuvre de la réforme.

    Une synthèse de leurs recommandations sera remise fin octobre aux ministres, qui devraient rendre leurs arbitrages en décembre. Outre les dates des concours, d'autres points cruciaux tels que leur contenu, leur articulation avec les masters, les prescriptions d'un éventuel "cadrage national", la nature de la formation après le concours et le rôle incombant aux personnels des actuels IUFM restent à définir. Selon un calendrier qui, cette année, a été enrayé par la contestation, les universités auront jusqu'à mi-avril pour communiquer leurs maquettes de formation. Le gouvernement, qui souhaite apaiser les inquiétudes, risque encore gros sur ce dossier. La filière d'accès à l'enseignement se trouve au point de jonction des angoisses des universitaires, des enseignants et des étudiants. Sans oublier celles des parents, aussi concernés par la perspective de voir des débutants non formés arriver dans les classes.

    Dans le contexte de défiance qui caractérise les relations entre le gouvernement et le monde universitaire, le manque de lisibilité de cette réforme ouvre la voie à toutes les interprétations. Même la hausse du niveau de recrutement, pourtant reconnue par les syndicats d'enseignants, est niée par une partie des universitaires. Ceux-ci font valoir qu'en prenant en compte les deux années actuelles de formation après la licence, le recrutement s'effectuait en fait déjà à "bac + 5". L'argument mélange conditions d'inscription et durée de formation, mais il est symptomatique des suspicions qui pèsent sur cette réforme.

    Malgré les démentis officiels répétés, les contestataires considèrent comme une évidence que son but réel consiste à marginaliser la voie du concours dans le recrutement des enseignants.

    Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/11/16/la-reforme-de-la-formation-des-maitres-reste-un-vrai-casse-tete_1253142_3224.html